Sur les 52 manuscrits soumis à l’évaluation d’un jury hautement qualifié, présidé par la romancière Evelyne Trouillot, le roman « Tifi » de Saïka Céus , « la pépite d’or » de cette mine littéraire, y a été extrait. Il est tiré de la symbiose d’un cœur engagé, pétri de l’Haïti profond, et d’une grande habilite d’écriture…
« Quand il n’y a pas d’œuvres de qualité, il n’y a pas de prix. C’est pour cela que le prix n’a pas été décerné l’année dernière » a rappelé Marie Laurence Jocelyn Lassègue qui animait la soirée. Cette affirmation, qui indique la valeur assurée du roman, est un vibrant hommage à la jeune romancière, « très douée» a souligné Peter Frisch…
Le jury a été « gâté » avoue Mme Trouillot. « Tifi », qui a pu retenir l’attention de tous les membres du jury, se raconte sur plus de 200 pages. Il s’agit d’un choix unanime face à deux autres textes de qualité : « prisonnier du vide et corps bicolore » a-t-elle confié.
«Tifi » capte l’attention du lecteur…
Ce roman plonge le lecteur dans la réalité haïtienne. Il traite de thèmes habituels tels le travail domestique des enfants et le viol. Cependant « Saïka ne les traite pas de manière habituelle », elle les traite de manière très « originale » a insisté Mme Trouillot, enjouée, mais qui se réserve de raconter le récit.
« Tifi » qui se veut aussi un plaidoyer pour la langue créole capte « l’attention du lecteur » a félicité la Présidente du Jury. Capter l’attention est « Une habilite dont les écrivains doivent posséder [pour réussir] et Saïka arrive à le faire avec succès ». Un texte à « lire absolument » et vous « en prendrez du plaisir » a-t-elle conclu.
Saïka Céus a « rêvé »…
Saïka Céus, comblée par les éloges des uns et des autres, n’a pas cessé de « remercier les initiateurs de ce grand prix ». Elle en fait de même pour les « membres du jury » et ses « amis ». Celle qui devient membre du prochain jury du prix, dédie sa distinction à sa maman et ses tantes présentes à la cérémonie. Elle la dédie aussi à sa grand-mère : un témoin privilégié de sa passion de l’écriture.
En ayant par ailleurs une pensée particulière pour ses concurrents, elle les a encouragés « à poursuivre le métier d’écriture pour enrichir la littérature ». Un message relayé, à bien des égards, par Evelyne Trouillot et Peter Frisch sous les yeux de quelques invités de marque. Citons, entre autres, la première Dame de la République, le très respecté ex-Ministre de l’Education Nationale et de la Formation Professionnelle Nesmy Manigat, l’ancien Commissaire de gouvernement Claudy Gassant et des représentants de plusieurs Ambassades.
Saïka, qui a cru « rêver » en recevant l’appel de Madame Trouillot pour cette heureuse annonce, a profité pour faire éloge de la langue créole. « J’y attache une grande importance. Je tiens à dire merci à tous ceux qui, dans le temps, ont eu le courage de s’exprimer en créole, au temps où parler créole était synonyme d’ignorance ». Elle assimile le choix du jury à un rappel et une confirmation que le créole est « un véhicule du savoir dire, mais non du savoir en soi ».
En quoi consiste le prix ?
La gagnante du prix « reçoit un chèque de 150 000 gourdes » décrit comme « symbolique » par Peter Frisch de la Maison Henry Deschamps. Car selon lui « comment mettre un prix sur une œuvre, […] sur un travail intellectuel ? ». Il informe que « l’aspect le plus important du prix est l’édition de 1000 exemplaires de l’œuvre primée et dont le revenu de la vente revient à l’auteur» […]. « Mettre le livre à la disposition du public et faire connaitre l’auteur » : une autre intention du prix.
Le prix Henry Deschamps qui entend « promouvoir la culture et les belles lettres » est à sa 42e édition. Créé en 1975, le premier prix a été décerné en 1976. Le prix vise à encourager les jeunes auteurs « dans l’œuvre de production, de création pour les bibliothèques, les intellectuels et la renommée d’Haïti ».
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