Ce 3 avril 2017 ramène le 17e anniversaire d’assassinat du journaliste Jean Léopold Dominique, directeur et analyste politique, PDG de radio Haïti inter, assassiné en compagnie de son gardien Jean-Claude Louissaint, sur la cour de la station à Delmas. 4 balles dans des points vitaux qui ne lui laissèrent aucune chance.
Dans la logique d’un devoir de mémoire, la rédaction de Haititweets a décidé de parler de ce grand homme qui fortement marqué l’Histoire d’Haïti de manière positive ces quarante dernières années. En effet, Jean Léopold Dominique est une figure emblématique du journalisme, une icône nationale qui symbolisait le combat quotidien en faveur de la liberté de la presse en Haïti. Son idéologie de lutte a été basée sur la non-violence, le courage, la détermination et la justice sociale.
Depuis son assassinat, de soubresauts en soubresauts, une enquête judiciaire se poursuit sans aboutir à un procès en bonne et due forme pour pouvoir punir les auteurs matériels et intellectuels de ces meurtres. Un véritable défi que la justice haïtienne ne parvient à relever. « Parce que, si Jean Dominique n’arrive pas à trouver justice, à qui d’autre elle sera rendue dans ce pays ? », s’est souvent exclamée sa veuve, la journaliste Michèle Montas. Jean Dominique : 17 ans d’impunité
La justice haïtienne assassine
Aujourd’hui encore l’attitude passive et complice de la justice haïtienne face à ce crime s’est avérée encore plus « assassine » et ceci à plus d’un titre. Assassine parce que la mémoire de Jean Léopold Dominique continue à être piétinée par ce silence. Assassine aussi, au regard de tous ces militants assassinés dans des circonstances regrettables sans enquête ni poursuite. Assassine surtout, car d’autres citoyens continuent à payer de leur vie, le seul fait d’avoir cru en cette démocratie et de l’avoir défendue– paix à leurs âmes –.
Disons bas les masques, il est temps de mettre un terme à cette démonstration d’hypocrisie politique quand il s’agit de bannir cette pratique de criminalité qui sévit depuis trop longtemps dans le pays. Qu’il est temps que la justice haïtienne cesse de traiter les dossiers relevant de la criminalité avec autant de mépris et de légèreté. Cependant, il convient tout de même de se reposer cette question : à qui profite cette situation d’instabilité et d’impunité exceptionnelle ?
Arrêtons l’hypocrisie…. Au nom de la démocratie
Cette société qui rend hommage à Jean L. Dominique dans un standing ovation historique, n’est donc pas capable d’exiger au gouvernement haïtien de veiller à ce que l’enquête trop longtemps « en cours » se termine par l’identification de tous les auteurs matériels et intellectuels de ce crime pour le triomphe de l’État de droit. Dix sept ans après l’assassinat du journaliste Jean Dominique ne nous indignons plus des nombreuses négligences qui ont entaché la procédure d’enquête sur la mort de ce dernier.
Faisons mieux , exigeons le rétablissement d’une justice équitable et impartiale qui doit mettre en œuvre un ensemble de stratégies concrètes pour mener avec succès des enquêtes, arrêter et juger les coupables selon les prescrits légaux, comme cela relève de sa compétence. Afin que les militants conséquents de ce pays puissent défendre ce qu’ils croient être justes et honnête et pour que cette démocratie reprenne ses lettres de noblesse, celles écrites par le sang des martyrs et celui de Jean Dominique.
Sandy Antoine