Plusieurs policiers haïtiens ont trouvé la mort dans l’exercice de leurs fonctions. Souvent, pour leur famille, ces meurtres sont appréhendés non seulement comme la perte d’un être cher mais aussi comme la disparition de leur principal moyen de subsistance. Oubliées parfois par l’État, les veuves des policiers tués n’ont jamais cessé de faire entendre leur cri.
Après la mort d’un policier dans l’exercice de ses fonctions, l’aide de l’État tarde à arriver, ou n’arrive jamais dans certains cas, dans les familles. Une situation qui rend hypothétique la survie de la femme et des enfants de ce policier. Ces familles font face souvent à des difficultés financières énormes.
En fait, les veuves des policiers victimes en opération devraient recevoir le salaire de leur conjoint mensuellement. Mais l’allocation que l’État accorde aux familles des défunts est trimestrielle et sans aucune garantie.
Une structure pour lutter contre cette pratique
Pour se défaire de cette pratique qui tend à se normaliser, les veuves des policiers ont créé une structure en 2015 dénommée Association des Femmes des Policiers Victimes en Fonctions (AFPOVIF).
Rose Michel Martineau, relationniste publique de l’association, a présenté ainsi les objectifs: « Pour structurer nos principales revendications et exiger des autorités à nous écouter, nous avons décidé de nous regrouper au sein d’une association baptisée Association des Femmes des Policiers Victimes en Fonctions -AFPOVIF- , créée le 15 janvier 2015».
Dans ses propos, la relationniste publique demande à l’État d’accorder mensuellement aux veuves des policiers le salaire de leur mari et exige une prise en charge intégrale des enfants de policiers tués en exercice de leur fonction. Un point qui charpente les angles de lutte de l’organisation.
Par ailleurs, Mondesir Schela, conseillère économique de cette structure, admet que c’est un droit pour que les femmes de policiers victimes en fonction reçoivent le salaire de leurs maris. « Ce n’est pas une faveur de la part des autorités, et nous ne sommes pas des mendiantes », exprime-t-elle d’un ton ferme.
Une mesure inefficace mais aussi discriminatoire
Madame Felix, veuve d’un policier décédé en fonction et Conseillère de la structure, a déploré cette mesure discriminatoire qui vise seulement les femmes des policiers tombés pendant leur travail.
Elle a abondé amèrement en ces termes : «Pour que nous ayons ce salaire, il faut que notre mari soit mort en uniforme et au service. Ce qui veut dire que s’il est mort en allant au travail sans avoir été encore à son poste, nous ne pouvons pas recevoir son salaire ».
L’Association des Femmes des Policiers Victimes en Fonction veut également travailler à gommer ce point discriminatoire pour la couverture des familles de tous les policiers tombés. Si un policier en fonction est mort, pour sa famille, il est de bon gré que la Direction de la PNH s’en charge.
AFPOVIF conscient du travail difficile des policiers
A l’émission Koze dwa moun de Radio Kiskeya, la Conseillère reconnaît que le droit des policiers n’est pas garanti et qu’ils connaissent des moments pénibles au sein de l’institution.
Elle a argumenté en ce sens «Ils [Les policiers] travaillent dans des conditions très inhumaines et ce qu’ils reçoivent comme salaire est insuffisant pour combler leurs besoins. C’est vrai que la devise de la police national, c’est protéger et servir. Maintes fois les policiers n’arrivent même pas à se protéger ».
La chambre basse a déjà penché sur cette problématique
Une proposition de loi pour porter les instances concernées à prendre en charge les familles des policiers victimes dans l’exercice de leur fonction a été déposée à la chambre basse par les députés Jerry Tardieu et Signal Bertrand le 08 mars 2016. Pourtant, elle reste lettre morte.
Mondésir Schela plaide énergiquement en faveur du vote de cette proposition de loi, qui, d’après elle, sera bénéfique pour les veuves des policiers ainsi que pour leurs enfants.
Aujourd’hui veuve, Rose Michel Martineu demande aux autres femmes affectées par la mort de leur mari policier de les rejoindre au sein de l’association. Cette dernière garde une pensée spéciale pour tous les agents de polices qui ont donné leur vie dans l’accomplissement de leur mission.
Frandy Jasmin