Le Chef de l’Etat Haïtien, Son Excellence Monsieur Jovenel Moïse, à la 72e Assemblée Générale des Nations Unies (ONU) a revendiqué la gestion de l’aide internationale à Haïti. Il est avéré que l’aide transitée particulièrement par les Organisations Non Gouvernementales (ONG), depuis les années 80, n’a pas d’effet concret….
Au cours de ces trente-sept dernières années (1980-2017), Haïti est devenu l’un des Etats à avoir reçu le plus d’aide – en un temps record. Haïti est devenu un véritable « laboratoire d’aide internationale voire même un véritable champ d’expérimentation » ont fait remarqué plusieurs observateurs. Situation renforcée en 2010, suite au séisme dévastateur du 12 janvier, où le pays a compté ses victimes par millier, par centaine de milliers.
Selon l’ONU, l’aide internationale reçue par Haïti après le séisme du 12 janvier se chiffre à plus de 4.5 milliards de dollars américains. De ces milliards, toujours selon les estimations de l’ONU, un milliard 600 millions a été donné pour l’assistance humanitaire et plus de 2 milliards pour le relèvement au cours des deux dernières années.
35 secondes d’enfer en 2010 : où en sommes-nous depuis?
4,5 milliards, juste au nom d’Haïti…
Les Nations-UNies (ONU) ont rapporté que sur les 2.4 milliards de dollars des fonds pour les opérations humanitaires, 34% a retourné dans les pays donateurs pour payer leurs propres citoyens civils ou militaires impliqués dans les réponses immédiates après les désastres.
Par ailleurs, 28% de cette enveloppe a été donné à des Agences Onusiennes et des Agences Non Gouvernementales pour des projets spécifiques de l’ONU. 26% a été donné à des contractants privés et d’autres ONG. 6% pour des services, 5% pour la société nationale et internationale de la Croix-Rouge et seulement 1% pour les ONG haïtiennes.
« Une gestion stérile de l’aide internationale » de l’avis d’observateurs avisés. Joel Boutroue, représentant spécial adjoint du Secrétaire Général des Nations Unies, coordonnateur résident et humanitaire des Nations Unies et représentant du PNUD en Haïti de 2006 à 2009 et conseiller spécial du Premier ministre haïtien (2009-2011) n’a-t-il pas été catégorique : «Haïti serait mieux sans l’aide internationale»
L’Etat haïtien peut-il faire mieux…
Vue la gestion internationale de l’aide, il est sans surprise de constater qu’en dépit de sa considérable augmentation, le pays se trouve davantage enlisé dans une situation socio-économique de plus en plus précaire. Plus de 200 mille haïtiens, majoritairement des jeunes, laissent le pays pour le Brésil et le Chili, dans l’idée d’y échapper. Et le flux n’est pas prêt à diminuer.
C’est à juste titre que le Chef de l’Etat Haïtien réclame la gestion de l’aide Internationale à Haïti. Cette aide, à l’aune de la corruption, fait bien des heureux, au détriment d’Haïti. Le chef de l’Etat, qui a scandé haut et fort sa détermination de combattre la corruption, exige que « l’aide publique au développement sert l’intérêt de la Nation Haïtienne tout entière ».
En attente d’un rapport sur la gestion des fonds Petrocaribe, qui semble-il, ont été dilapidés ; peut-on se demander si l’Etat haïtien peut faire mieux. Dans ce contexte, l’exigence du Président suffit-elle à ébranler la communauté internationale dans sa conviction de maintenir la gestion stérile de l’aide octroyée à Haïti.
Apres tout, est-ce que cela dérange ?
Hervé VOLCY
Travailleur Social Professionnel Gestionnaire/Spécialiste en Sciences du Développement