Les Guédés étaient une famille, une Nation […] qui partage en commun : une langue, des coutumes, les mêmes interdits, quelques rituels traditionnels. Leur territoire […] était situé sur le plateau d’Abomey, ancienne capitale du royaume du Dahomey, zone comprise aujourd’hui entre Zogbodomey, Bohicon et Abomey.
L’histoire des Guédés repose sur un mythe fondateur, similaire à d’autres ayant préexisté à la création d’une majorité de clans en Afrique. Cette communauté à l’époque, était frappée d’une calamité. Une sorte d’épidémie. Les gens en mouraient quotidiennement, par dizaines.
Comme toute nouvelle maladie décimant les contrées ou les communautés, aucun remède n’existait encore. Les médecins traditionnels étaient pris au dépourvu. On se rebattait sur les prières et supplications aux divinités. Aucune amélioration, aucune solution à l’horizon.
Les croyances prennent le pas… et les morts sont invités
[Dans le désarroi] les croyances deviennent naturellement [les seules] voies de recours, comme dans tout système humain. On suppliait les ancêtres, ceux qui se trouvaient déjà dans l’autre monde, d’indiquer la feuille, la racine, l’écorce, la partie de l’animal, ou la combinaison d’éléments précités pour composer la fameuse potion qui guérira les malades, qui empêchera la maladie de vider le ventre de la communauté.
Devant les échecs répétés, il fut décidé, selon les consultations, que le fils aîné du chef de la collectivité accepte de s’offrir en sacrifice afin d’apporter le message personnellement aux ancêtres, au pays des morts, Fètomè. En échange, il fallait excepter la règle stipulant que soient restés inconnus les lieux de sépulture des rois et des princes.
Et Guédé est mort pour les vivants
Au cas où sa mission sera couronnée de succès, donc si la potion est révélée, son tombeau devait être marqué d’une pierre sur laquelle tous les membres de la communauté viendront faire leur libation de sodabi (clairon local) en demandant la guérison pour les cas de maladie grave. Ce qui arriva. Ce qui fut fait.
Ainsi, a été le point de départ de ce rite couplé (mort-vivant/vivant-mort) qui prit le nom du fils aîné Guédé, et qui devint par la suite le nom du clan. [Ce rite est célébré dans plusieurs pays du nouveau monde et notamment en Haïti, le pays de Dessalines].
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Avec Norluck Dorange