Un pasteur – répondant au nom de Mérilus Pierre et accusé d’avoir violé, à maintes reprises, au moins 13 fillettes dans un orphelinat situé à Bon-Repos – est actuellement recherché par la police sur ordre du parquet de Port-au-Prince. Le pasteur aurait également abusé sexuellement la mère et tante de 2 des fillettes violées.
Plusieurs fillettes, dont deux âgées de 9 et de 11 ans, ont témoigné de ces abus sexuels et d’autres actes de maltraitance répétés, perpétrés par le pasteur que les enfants généralement désignent par le pseudonyme ‘‘ Gran Papa’’.
En effet, au cours du mois de septembre 2014, Marlène Durogène (de son nom d’emprunt), une mère alors âgée de 40 ans, faisant face à de graves difficultés socioéconomiques, a confié 3 enfants au pasteur Mérilus Pierre qui dirige l’orphelinat ‘‘The Goodness of God’’ (Traduire en Français La Bonté de Dieu).
Il s’agit de sa fille alors âgée de 9 ans, à laquelle l’UJICOPS attribue le prénom de Rose, de son fils de huit ans, et de sa nièce de 11 ans auxquels les pseudonymes Max et Micheline ont été attribués, ce pour protéger leur identité en tant que mineurs.
Cependant, quand Mme Durogène est allée voir les enfants, elle a eu la surprise de constater que, dans l’orphelinat, les enfants vivaient dans des conditions déplorables, exécrables, voire inhumaines. Les traces et séquelles des abus et mauvais traitements de différentes sortes sont visibles sur le corps des enfants.
Devant un tel constat, elle a demandé au pasteur de lui remettre les enfants, ce à quoi Mérilus Pierre s’est catégoriquement refusé, selon Marlène Durogène.
‘‘ Pendant longtemps le pasteur a refusé que je visite les enfants. Quand j’ai finalement eu la chance de les visiter, j’ai réalisé que les enfants vivaient dans des conditions inacceptables,’’ a déclaré Mme Durogène.
‘‘Et pendant cette visite, ma fille m’a donné une petite note dans laquelle elle a expliqué les abus sexuels et mauvais traitement dont elle et les autres enfants étaient l’objet dans l’orphelinat (the Goodness of God),’’ a indiqué Mme Durogène.
‘‘Face à cette situation, j’ai demandé au pasteur Mérilus Pierre de me remettre les enfants, mais il a toujours refusé. Un jour, il m’a dit qu’il m’aimait et il a lâché un baiser sur mes lèvres, sans mon consentement. Ensuite, il m’a donné rendez-vous dans un restaurant dans la zone de Shada avant de m’amener dans un hôtel qui se trouve à Santo’’ a expliqué Mme Durogène. ‘‘Et il a couché avec moi’’.
Mme Durogège, mère et tante de deux des fillettes violées, a fait savoir qu’elle a rencontré Mérilus Pierre, dans la rue, par hasard, quelques jours après le premier acte sexuel. Ce jour-là, le pasteur lui a dit qu’il se rendait dans une maison de transfert pour recevoir de l’argent et qu’il pouvait la gratifier d’un certain montant pour l’aider à faire face à certains problèmes.
‘‘Effectivement, le pasteur est allé avec moi dans la Maison de transfert, il a reçu l’argent et a pris le chemin d’un hôtel situé à Canaran 1, où j’ai dû, de nouveau, coucher avec lui,’’ a confié Mme Durogène complètement désespérée. ‘‘Il m’a donné mille gourdes et 5 dollars américains,’’ a-t-elle dit.
‘‘Depuis que j’ai vu les enfants, je n’arrête pas de pleurer. J’ai accepté de faire tout cela pour sortir les enfants de cette situation déplorable. Je pensais que le pasteur allait me les remettre. Il ne l’a jamais fait,’’ s’est indignée Mme Durogène.
Les 3 enfants en question, un garçon et deux fillettes, ont été remis au pasteur en septembre 2014. Et ce n’est que le lundi 16 mai 2016 que Mme Durogène a pu les revoir. Et devant, le refus persistant du pasteur de remettre les enfants, Mme Durogène a décidé de porter plainte auprès des autorités compétentes pour que des suites judiciaires appropriées soient données à cette tragique affaire.
Le pasteur Mérilus Pierre est activement recherché depuis le 10 juin, 2016, sur ordre du parquet de Port-au-Prince. Il est toujours en cavale, alors que l’orphelinat ‘‘The Goodness of God’’, aujourd’hui dirigé par son fils, continue de fonctionner, en dépit des faits avérés de maltraitance.
L’UJICOPS a appris que cet orphelinat n’a pas été régulièrement autorisé à fonctionner. Il ferait partie de plusieurs centaines de centres du même genre qui fonctionnent en violation des lois et règlements régissant la matière.
Témoignages de fillettes violées
Selon les témoignages de Rose (pseudonyme) – une fillette de 9 ans, admise dans l’orphelinat du pasteur Mérilus Pierre, en septembre 2014 – Gran Papa, comme d’habitude elle appelle son agresseur, l’a violée à plusieurs reprises.
‘‘Gran Papa konn jwe nan bouboun mwen. Lèswa, lè nap domi, li etenn limyè a, epi li mete koulout li nan chouchoun mwen. Epi li pa vle m krye. Si m krye li ban m kalot. Men Chouchoun mwen fè m mal anpil (Traduire : Gran Papa sait jouer dans mon vagin. Le soir, quand on dort, il éteint la lumière et introduit son pénis dans mon vagin. Et il ne veut pas que je pleure. Si je pleurs, il me gifle. Mais, je ressens beaucoup de douleur au niveau de mon vagin)’’, a expliqué Rose, la fillette de 9 ans.
‘‘ Li di m piga m di moun sa. Se plizyè fwa li fè sa ak mwen. Premye fwa li te fè sa, mwen te wè san vin sou mwen…,(Traduire : Il m’a dit de n’en parler à personne. Il l’a fait avec moi à plusieurs reprises. La première fois qu’il me l’a fait, j’ai vu du sang couler…)’’, a confié Rose.
‘‘Lè li konn fin fè m sa, mwen santi ko m pa bon. Mwen konn vomi, mwen konn gen fyèv, vant mwen ak chouchoun mwen konn fè m mal, (Traduire : Généralement quand il a fini (de coucher avec moi), je sais ressentir des douleurs, je sais vomir, je sais avoir de la fièvre, je sais avoir mal au ventre et au niveau de mon vagin)’’, a expliqué Rose.
Rose a cité une douzaine d’autres fillettes – dont l’UJICOPS taira les noms pour les protéger en tant que mineures – qui, elles aussi, auraient été victimes des mêmes abus sexuels de la part du pasteur Mérilus Pierre de l’Orphelinat, The Goodness of God, opérant depuis plusieurs années à Bon-Repos. Les fillettes savent, entre amies, se raconter leurs mésaventures expérimentées avec Gran Papa (Mérilus Pierre).
Micheline (pseudonyme), 11 ans, a fait des témoignages similaires quant aux agissements infractionnels et exploitations sexuelles reprochés au pasteur actuellement en fuite.
‘‘Se yon jou mèkredi pastè a te fè bagay avè m. li te retire tout rad sou mwen, e li foure ti grenn li nan bouboun mwen. Li te bat mwen. Li te ale avè m nan chanm li a. Lot timoun yo tap domi,’’(Le pasteur a eu des rapports sexuels avec moi un mercredi. Il m’a enlevé tous mes vêtements et il a introduit son pénis dans mon vagin. Il m’a battue. Il m’a amenée dans sa chambre ’’.
‘‘Il sait faire la même chose aux autres filles,’’ a rapporté Micheline. ‘‘Je faisais du bruit et je pleurais quand qu’il pénétrait mon vagin et c’est pourquoi il m’avait battu,’’ a-t-elle confié. ‘‘Et j’ai vu sortir de son pénis quelque chose de couleur blanche,’’ a précisé la fillette de 11 ans.
Max (pseudonyme), un garçon de 8 ans, a déclaré avoir vu (de ses yeux) Mérilus Pierre en train d’avoir des rapports sexuels avec des fillettes dans l’espace de l’orphelinat.
‘‘ Je ne suis pas le seul à l’avoir vu en train d’avoir des rapports sexuels avec les filles,’’ a indiqué Max qui a cité les noms de 5 autres garçons de l’orphelinat qui savent tomber sur des scènes de ce genre.
Max a également cité les noms de plusieurs fillettes qui, à sa connaissance, sont victimes d’abus sexuels de la part du pasteur, actuellement dans le maquis.
‘‘Il sait nous battre quand nous nous rendons dans la chambre où se trouvent les filles,’’ a souligné Max.
Certificats médical attestant des abus sexuels sur les mineures
Dans deux certificats médicaux – délivrés le 28 mai, 2016 – Un médecin spécialisé déclare ‘‘avoir constaté au niveau de l’orifice vaginal de multiples encoches anciennes… et un hymen complètement déchiré’’, en ce qui concerne le cas de Micheline (11 ans).
Dans le cas de Rose (9 ans), le médecin a constaté, au niveau des organes génitaux externes, que ‘‘la vulve est souillée de secrétions blanchâtres’’. ‘‘Des déchirures anciennes et une déchirure incomplète de l’hymen’’ ont, entre autres, été constatées.
Unité de Journalisme d’Investigation
Sur la Corruption et d’autres Problèmes Systémiques
UJICOPS/Réf. Guyler C. Delva
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