Dimanche, 5 Fevrier 2017 une operation à été menée à Kaliko beach dans le but de mettre la main au collet de présumés trafiquants. Ces derniers, suivant des autorités policières, avaient recruté et hebergé des jeunes filles à l’hotel avec l’intention de satisfaire quelques appétits sexuels, entre autres. A l’issue de cette operation, menée dans le plus grand secret, il s’en est suivi d’échos tellement assourdissants, qu’elle a secoué tout un système. Quelques jours après, un silence autant ahurissant a pris le relais.
L’affaire de Kaliko met en scène 9 individus arrêtés en position douteuse avec des filles, pour la plupart des mineures. Ces individus ayant en leur possession des videos pornographiques impliquant des enfants et de la drogue, présentaient des preuves à conviction sur leur intention. Ils ont été remis en liberté graduellement par le parquet sans qu’aucune instruction n’a été menée .
« Dans l’affaire de Kaliko, le Comité National de Lutte contre la Traite des personnes (CNLTP) a apporté son assistance aux victimes, dans le cadre de la poursuite et de la sensibilisation », a fait savoir le Dr. Ely Thélot, le Président du dit comité. « On a travaillé avec la Police pour la reconstruction des dossiers (temoignages dès trafiquants..) et assurer le transfert au Parquet pour être sûr qu’il y ait une poursuite pénale avec la justice haitienne. Mais quelques semaines après (..) on apprend qu’au niveau du parquet de Port-au-prince tous les trafiquants avaient été quasimemt liberés. » s’est désolé Dr. Thélot.
Il est avéré au greffe du parquet que ces personnes ont été libérées. Ainsi, nos efforts pour retrouver Me Danton Léger, qui gérait le parquet lors de l’Affaire, sur ces deux numéros connus, se sont révélés vains. Il en va de même pour Me Myrlande Prévost, substitut du commissaire du gouvernement qui a mené l’opération pour l’arrestation avec la Police; qui a aussi participé à la libération des premiers « trafiquants » a t-on appris de sources proches du parquet
« La liberation de ces personnes merite d’être dénoncée », a ajouté Dr. Thélot. Ce que le comité avait fait lors d’une conference de presse. Car dit-il « tous les élements de preuve etaient réunis et que ces (présumés) trafiquants n’avaient pas du tout le profil de gens puissantes qui aurraient pu acheter leur libération », a t-il conclu.
Cette libération est loin d’être favorable à l’ancien commissaire du Gouvernement quand on se rappelle de ses dires au début de l’affaire sur une radio locale : » qu’ils aient beaucoup d’argent, qu’ils soient des étrangers, il va y avoir des arrestations, personne n’est à l’abri ». Il y eut bien évidemment des arrestations avant ses dires, mais pas après. Il s’etait aussi « excusé » de l’avis d’un membre du CNLTP, auprès de l’Administration de Kaliko Beach après avoir demandé d’arrêter le proprietaire. Une situation qui avait révolté le President de la Commision Justice et Securité Publique Securité du Sénat Me Renel Senatus : « l’absence du proprietaire de kaliko à la DCPJ à la suite de l’opération avait marqué une non cooperation avec la police » avait-il signalé
Il est vrai que l’Hotel de plage Kaliko Beach à été blanchi, il n’en demeure pas moins qu’il n’y a jamais eu d’explications au fait que dans deux chambres louées par deux étrangers; il se trouvait une quarantaine de personnes sous les yeux des employés et de l’administration. Autant de monde dans deux chambres d’un hotel de plage ne peut ne pas attirer l’attention. De l’avis d’un particulier qui requiert l’anonymat, « cette situation enfreint toutes les règles régulières d’hebergement à un hotel et que toute acceptation a certainemrent reçu une autorisation d’un rang supérieur ».
D’autre part, ceux qui ont loués ces chambres auraient, selon l’administration de l’hotel, quité Kaliko sans payer la note de sejour et sans avis. Ce qui est encore plus etrange de l’avis du particulier précité, vu que dans les hotels « quand les paiements de sejour ne sont pas cash, on exige la garantie avec une carte de crédit, pour prevenir ces genres de désagrements ». À moins qu’il ne s’agisse d’un habitué de l’hotel qu’on accorde un minimum de credit. Malheureusement Kaliko n’a pas voulu recevoir de journaliste pour le moment.
Les deux chambres sont enregistrées aux noms de Jay Maz et John Hynes. Ils sont partis après l’opération policière a ajouté l’administration de Kaliko dans sa note. Se pourrait-il que ces deux etrangers fassent partis de l’opération? Ces personnes appartiendraient à « operation Underground Railroad » de la traduction » le chemin de fer souterrain » qui lutte contre le trafic des mineurs et l’esclavage sexuel. Et à défaut de pouvoir les joindre une visite de leur site montre leur savoir-faire et les etapes après l’opération. Hornis, le paiement de la note, ces informations ont été confirmées par la Brigade de Protection des mineurs de la Direction Centrale de la Police Judiciaire (DCPJ).
Toutefois en ce qui concerne l’affaire de Kaliko, il n’y a pas de poursuite. Les coupables ne sont pas punis et les jeunes filles sont de retour dans leurs anciennes vies sans prise en charge approfondie. Une video de l’opération se trouve sur Youtube ou l’on voit les préparations des agents de « OUR rescue » avant l’opération, l’arrivé de la police et la liberation des 29 jeunes femmes. Car selon eux il y avait 29 mais les autorites haitiennes quant v elles en comptent 31.
Ces jeunes filles qui ont été assistées après l’opération par l’Institut du Bien-Etre Social et de Recherches (IBESR) ne sont plus suivies directement dans leur communauté. « La libération prématurée des présumés trafiquants a entravé la confiance préalablement établie avec ces filles, ce qui a freiné le dispositif établi pour la prise en charge continue de ces types de cas » a expliqué l’Assistant du Directeur Général de l’institut, Monsieur Diem Pierre.
Quand l’IBESR a été informé de l’affaire après l’opération, des mesures ont été prises pour s’assurer de leur comfort pour la nuit à la DCPJ et d’assurer la satisfaction des premiers besoins (nourriture, couverture etc) a souligné M Pierre. « Une équipe a été dépêchée le lendemain pour la documentation sociale des enfants et le suivi des parents. Mais est arrivée, à la grande surprise des agents de l’IBESR, une ordonance sollicitant le renvoi des filles chez elles, selon la BPM qui avait jusqu’ici la garde des filles. Ce qui à tout gaché. la communication maintenue par l’IBESR avec quelques unes d’entre elles est très précaire. Elles disent moins de choses de plus en plus par peur ou par besoin psychologique d’éviter le dossier. Mais l’IBESR suit encore l’affaire », a t-il conclu. La justice devrait aussi garder le cap.
Aujourd’hui le blanc fait sur cette histoire, au niveau judiciaire attire l’attention de plus d’un. Il était aussi impossible d’entrer en contact avec l’actuel commissaire du gouvernement, Me Ocname Daméus sur le dossier. Non plus avec le Sénateur Jean Renel Sénatus interessé par la question et qui avait promis qu »il veillera à ce que justice soit faite sur la question. Personne n’a compris les tours qui ont permis la libération des présumés trafiquants. Le travail de vrais magiciens diraient les amants de la fiction.
D’un coup de bagette; les preuves, les trafiquants et les jeunes filles victimes sont partis en milles morceaux. De vraies opérations de la Police pour l’arrestation de présumés trafiquants et de l’autre coté des tours mystérieuses au niveau du parquet pour classer le dossier sans suite. Au milieu, il existe des autorités administratives restant sur leur soif de prise en charge approfondie pour les mineures, entre autres, jusqu’à la justice réparatrice, dont l’alerte devrait être donnèe par les autorités justiciaires. En tout cas, dans ce flou qui s’installe, il y a des victimes à considérer. Et suivant plus d’un, la lumière doit être faite. Mais Comment peut-on faire rebondir le dossier? Qui le fera rebondir?
Le silence de la justice est pesant sur le cas de Kaliko. Il semble qu’il a aussi atteint presque tous les dossiers relatifs à la traite des êtres humains en augmentation ou tout simplement plus souvent dénoncés ces derniers jours. On a en exemple, les nombreux cas d’enfants victimes de prostitution infantile, les nombreux cas d’exploitation par le travail touchant particulièrement les filles. Une piqûre de rappel de manière régulière à la justice pourrait l’aider à sortir de son silence. Qui sait? Elle pourrait un jour murmurer un son plutôt favorable aux victimes.
Margella Douyon
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