Cet article est publié à l’occasion du premier anniversaire du Colloque International sur la Contribution d’Haïti à l’Émancipation des Peuples dans le cadre de la Lutte Globale contre le Colonialisme et l’Esclavage, organisé par l’Université d’État d’Haïti (UEH) et le Ministère des Affaires Étrangères et des Cultes (MAEC).
Du 14 au 16 novembre 2023, le Rectorat de l’Université d’État d’Haïti (RUEH) et le Ministère des Affaires étrangères et des Cultes (MAEC) ont organisé un colloque international à Port-au-Prince sur la contribution d’Haïti à l’émancipation des peuples dans la lutte contre l’esclavage. Parmi les conférenciers, Dr Julia Gaffield, professeure associée d’Histoire à William and Mary University, a captivé l’auditoire avec sa présentation intitulée « Haïti, la guerre après l’indépendance ».
Dr Gaffield a ouvert son intervention en remettant en question l’idée selon laquelle la Révolution haïtienne aurait pris fin le 1er janvier 1804, date à laquelle Jean-Jacques Dessalines proclame l’indépendance. Elle a souligné que, bien que cette proclamation marque un moment décisif, la réalité du pays était tout autre le lendemain. Pour Dessalines, la guerre contre la France ne se terminait pas avec cette déclaration, et il a même affirmé que cette lutte serait « éternelle ».
L’historienne a approfondi les enjeux qui ont suivi l’indépendance, en notant que la France n’a jamais reconnu sa défaite et que les menaces de réinvasion ont persisté pendant les deux premières décennies d’Haïti. Les autorités françaises et les planteurs réfugiés en Dominique ont contesté l’indépendance d’Haïti, créant un climat d’insécurité qui a nécessité l’instauration de dictatures militaires successives. Dr Gaffield a expliqué comment cette incertitude politique et militaire a façonné la naissance de l’État haïtien.
La conférence a également exploré les conséquences de cette guerre prolongée sur l’identité nationale d’Haïti et sur son rôle dans les luttes mondiales pour la liberté. Dr Gaffield a mis en avant l’idée que l’expérience haïtienne constitue une source d’inspiration pour d’autres mouvements d’émancipation à travers le monde. En exposant les défis rencontrés par le pays, elle a appelé à une réévaluation de l’héritage de la Révolution haïtienne et de son impact durable sur la mémoire collective.
En somme, l’intervention de Dr Julia Gaffield a permis de réexaminer la période post-indépendance sous un nouvel angle, éclairant les luttes et les sacrifices qui ont jalonné la création de l’État haïtien. Son analyse a encouragé les participants du colloque à réfléchir à l’importance de cette histoire dans le contexte contemporain et à son influence sur les mouvements d’émancipation actuels.