L’enquête menée par l’Unité de Lutte contre la Corruption (ULCC) sur les allégations de corruption impliquant la Banque Nationale de Crédit (BNC) a été rendue publique ce mercredi 2 octobre 2024. Elle révèle un scandale majeur de pots-de-vin, mettant en cause trois membres du Conseil Présidentiel de Transition (CPT) et Raoul Pascal Pierre-Louis, ancien Président du Conseil d’Administration de la BNC.
Les membres du CPT concernés par l’affaire — Smith Augustin, Emmanuel Vertilaire et Louis Gérald Gilles — sont accusés d’avoir sollicité un pot-de-vin de cent millions de gourdes (100,000,000.00 Gdes) auprès de Pierre-Louis en échange de sa reconduction à la tête de la BNC. Selon l’enquête, une réunion s’est tenue à l’hôtel Royal Oasis, à Pétion-Ville, au cours de laquelle cette somme a été exigée. La rencontre aurait été organisée par Louis Gérald Gilles, en présence du Consul Lonick Léandre.
Le rapport de l’ULCC souligne que Raoul Pascal Pierre-Louis, ne disposant pas des cent millions de gourdes demandées, aurait proposé des avantages sous forme de lignes de crédit et de cartes bancaires, offertes à ces membres du CPT. L’enquête a révélé que quatre cartes de crédit ont effectivement été émises, dont trois aux noms de Smith Augustin, Emmanuel Vertilaire et Louis Gérald Gilles, avec des limites de crédit de 20 000 dollars américains chacune, et une quatrième au nom de Lonick Léandre, avec une limite de 13 500 dollars américains.
Le rapport met en évidence des pratiques de corruption active de la part de Pierre-Louis, ce qui lui vaut également d’être visé par des poursuites pénales. Le document révèle des échanges réguliers entre Pierre-Louis et les membres du CPT, confirmés par l’analyse de relevés téléphoniques et des échanges WhatsApp.
L’ULCC a recommandé la mise en mouvement de l’action publique contre Smith Augustin, Emmanuel Vertilaire et Louis Gérald Gilles pour abus de fonction, versement de pots-de-vin et corruption passive. Des poursuites pénales sont également réclamées contre Raoul Pascal Pierre-Louis pour corruption active, abus de fonction et entrave à la justice. Lonick Léandre est également visé en tant qu’instigateur dans cette affaire.
En plus des poursuites pénales, l’ULCC appelle à des réformes structurelles dans l’administration publique. Elle recommande l’élaboration d’un code d’éthique pour les agents de l’administration ainsi que la vulgarisation du guide pratique de prévention des risques de corruption rédigé par l’ULCC. Ces mesures visent à renforcer les dispositifs de contrôle interne afin d’éviter la répétition de telles pratiques au sein de l’appareil d’État.
Cette affaire de corruption, révélée au grand jour, éclabousse non seulement le CPT, mais expose aussi des failles profondes dans la gestion des affaires publiques en Haïti, incitant à une réflexion plus large sur la nécessité de réformes institutionnelles durables.