Dans une lettre adressée aux Chefs d’État et de Gouvernement de la Caricom en date du 31 mars 2024, des partis et regroupements politiques, dont KID, SDP, INITE et Fusion, expriment leurs inquiétudes et préoccupations face au processus en cours pour nommer un Conseil présidentiel de transition à la tête du pays. Ces structures plaident en faveur de la désignation d’un juge de la Cour de Cassation pour diriger cette transition et pensent que le Conseil présidentiel ne pourra pas fonctionner.
Inite, SDP, KID, Fusion, PNN, LAVNI saluent les initiatives de la Caricom en faveur de la recherche d’une solution durable à la crise politique qui sévit en Haïti. Ils soulignent toutefois le caractère peu orthodoxe de la proposition de solution relative à la nomination d’un Conseil présidentiel de sept (7) membres et de deux (2) observateurs pour diriger la transition. Il s’agit selon eux d’une solution très éloignée du cadre légal et constitutionnel du pays.
Ces partis et regroupements politiques disent ne pas savoir comment on a pu convaincre le Premier ministre Ariel Henry, qu’il était l’unique responsable des drames que les Haïtiens vivent actuellement, qu’il était un obstacle à l’organisation des élections et que son éviction était la solution miracle pour résoudre le phénomène de l’insécurité, causé et entretenu par les gangs armés.
Selon eux, le fait que sur le chemin du retour, le chef du gouvernement ait été empêché de rentrer dans son pays et qu’il soit retenu malgré lui à l’étranger, donne la désagréable impression qu’il s’agit là d’un moyen de pression inacceptable pour mettre en œuvre une stratégie bien orchestrée.
En dépit de ces circonstances, les signataires de cette lettre disent avoir décidé de respecter la décision du Premier ministre de se démettre en faveur d’un Conseil présidentiel de transition dès que celui-ci serait installé et qu’un Premier ministre et un nouveau gouvernement seraient désignés.
À présent, ils constatent que la démarche a du mal à atterrir et suscite de sérieux doutes au sein d’une majorité de la population et des oppositions farouches de la part de grands juristes de renom qui contestent la légalité de cette instance.
« Tout laisse présager un éclatement ou un blocage rapide de cette structure qui semble plus être une formule imposée par des tuteurs, qu’un choix consensuel négocié entre des acteurs haïtiens de bonne volonté », disent-ils, se référant aux difficultés des membres du conseil à s’entendre sur les questions les plus simples et les plus élémentaires.
Les KID, SDP, INITE, Fusion et PNN ajoutent qu’Haïti, dans la situation actuelle, ne peut pas être le terrain d’expérimentation de formules concoctées sans prendre en compte l’idiosyncrasie haïtienne.
Le CPT ne pourra pas fonctionner, réitèrent ces partis qui pensent que la moins mauvaise formule serait de revenir à ce qui était prévu initialement par la constitution de 1987 dans des circonstances pareilles, à savoir confier la présidence à un juge de la Cour de Cassation qui travaillera avec un Premier ministre et un gouvernement inclusif d’unité nationale.
« Alors, avant qu’il ne soit trop tard, et avant que les gangs ne s’emparent du pouvoir, pourquoi ne pas rechercher un accord politique susceptible de paver la voie à une gouvernance fonctionnelle et efficace pour cette période intérimaire ? ». Telle est la conclusion de cette lettre portant la signature d’André Michel du SDP, d’Edmonde Supplice Beauzile de Fusion, de Levaillant Louis Jeune d’INITE, de Fils Aimé Ignace Saint Fleur du PPN, de Ginot Bonet de KID et de Marjorie Michel de Platfòm Fanm Angaje pou Ayiti et de Chaperon Jean Joseph de LAVNI.
Il faut souligner que SDP, Inite et Fusion sont des signataires de l’accord du 21 décembre et sont, par conséquent, représentés au sein du Conseil présidentiel par l’ancien Sénateur Louis Gérald Gilles.