Des niveaux records de faim ont été enregistrés en Haïti, selon le rapport du Programme alimentaire mondial (PAM) publié ce vendredi 22 mars 2024. Le PAM qui lance un appel à l’aide auprès des donateurs souligne que près de cinq millions d’Haïtiens sont désormais confrontés à une insécurité alimentaire aiguë.
Se trouvant au milieu d’une crise sécuritaire qui se détériore, Haïti enregistre des niveaux de faim sans précédent, révèle le rapport du PAM. En effet, près de cinq millions de personnes, soit près de la moitié de la population du pays, sont désormais confrontées à une insécurité alimentaire aiguë et ont du mal à se nourrir, selon l’analyse de la Classification intégrée de la sécurité alimentaire (IPC) publiée ce vendredi.
« Les Haïtiens sont à la limite : une personne sur deux a désormais faim. La faim croissante alimente la crise sécuritaire qui ravage le pays. Nous avons besoin d’une action urgente maintenant – attendre pour réagir à grande échelle n’est pas une option », a déclaré Jean-Martin Bauer, directeur du PAM en Haïti.
Touchées par les violences armées, plus de 360 000 personnes ont été déplacées à travers le pays depuis le début de l’année 2024, et ont désormais du mal à accéder à suffisamment de nourriture.
D’après les données dont dispose le PAM, les pertes d’emplois et de revenus ont touché les deux tiers des familles à travers le pays lors de la dernière vague de violence de mars, alors que l’insécurité fait grimper les prix déjà élevés du carburant et des denrées alimentaires. Entre août 2023 et février 2024, le coût d’un panier alimentaire a augmenté de 22 %, rendant la nourriture inabordable pour des millions d’Haïtiens.
Toujours selon ces données, 4,97 millions d’Haïtiens sont confrontés à une crise ou à des niveaux d’insécurité alimentaire aiguë plus graves (phases 3+ de l’IPC), dont 1,64 millions de personnes sont confrontées à des niveaux « d’urgence » (phase 4 de l’IPC).
Parmi les zones les plus gravement touchées figure la vallée de l’Artibonite – le grenier du pays – où des groupes armés se sont emparés des terres agricoles et ont volé les récoltes.
Sont également préoccupants le département de l’Ouest, les zones rurales de la Grand’Anse au Sud et plusieurs quartiers pauvres de la capitale, dont la Croix des Bouquets et Cité Soleil – qui ont connu des poches de famine catastrophique (Phase 5 de l’IPC) fin 2022.
« Le PAM apporte un soutien essentiel aux Haïtiens malgré les difficultés bien réelles sur le terrain. Nous travaillons avec des ONG locales et des organisations agricoles en privilégiant les achats locaux. Cela signifie que nous sommes en mesure de raccourcir notre chaîne d’approvisionnement et que nous sommes moins vulnérables aux conflits et aux barrages routiers, tout en stimulant simultanément l’économie locale », a ajouté Bauer.
Face à cette situation, le PAM dit avoir besoin de 95 millions de dollars au cours des six prochains mois pour des opérations humanitaires en Haïti qui sont terriblement sous-financées. Aujourd’hui plus que jamais, il croit que le soutien des donateurs est nécessaire pour lui permettre de maintenir ses programmes opérationnels et de continuer à servir les plus vulnérables.