Farah, trentenaire, rumine des expériences pour le moins enquiquinantes qu’elle a eues avec des gynécologues pervers ayant l’air bienveillants.
« J’étais mineure. J’avais un problème de santé et je ne pouvais même pas me tenir tellement j’allais mal. Ma mère a dû m’emmener chez un gynécologue pour une consultation médicale. Au moment de la consultation, alors que j’étais vierge et que j’avais mes règles, le gynécologue a réalisé une toucher vaginal avec une extrême cruauté », raconte Farah avec déplaisir. « En dépit de mes cris de douleur : Aïe ! Ouille ! il a continué son acte dans le dessein de me faire perdre ma virginité, poursuit-elle. Après la prétendue consultation où je me sentais plus mal qu’avant, il fait savoir à ma mère que je suis enceinte », témoigne Farah, croyant s’être trouvée un gynécologue digne de ce nom.
On dirait que ceux qui pratiquent cette spécialité médicale (la gynécologie) n’ont aucune notion d’éthique. « Il y avait un gynécologue qui a partagé sur-le-champ, à mon vu et su, toutes les informations que je lui ai confiées à mon sujet avec d’autres personnes dans l’enceinte même de l’hôpital », se plaint Farah qui, depuis lors, ne fréquente plus cet hôpital à cause du comportement de ce gynécologue qui n’a pas su garder professionnellement les secrets de sa vie privée. « C’est un comportement contraire à l’éthique », déclare-t-elle. « J’étais tellement troublée, il m’a fallu deux ans avant de me confier à un autre gynécologue », raconte-t-elle entre dégoût et regret. Pour elle, voir un spécialiste de ce genre est un exercice sorcier. À chaque fois qu’elle croise un gynécologue sur son passage, elle a des nausées.
Des gynécologues sexomanes
On est patiente, tant qu’on ne franchit pas l’embrasure de la porte de la clinique d’un gynécologue. Une fois cela fait, on devient sa cible. « C’est visible, ils sont toujours en bandaison lorsqu’ils reçoivent des patientes à leurs cabinets médicaux. Ils ne le cachent pas et n’éprouvent aucune honte, fait savoir Judith. Parfois, quand il faut enlever ses dessous, ils se tiennent tout près de vous et portent leur regard sur vous », déplore-t-elle.
De l’emploi des moyens détournés
« Je me souviens d’un gynécologue, après avoir fait une échographie pelvienne chez lui à la demande de mon médecin de l’époque, il n’a pas pris du temps à me contacter, sur le numéro de téléphone que j’avais appelé pour fixer le rendez-vous, pour me dire qu’il est amoureux de moi », raconte-t-elle.
Selon Judith, lorsqu’une patiente est désirable, les gynécologues, sans justification médicale, donnent des rendez-vous médicaux en veux-tu en voilà et posent des questions qui n’ont rien à voir avec un examen médical. « À la demande d’un médecin, j’avais fait deux examens pelviens en un an. Ce qui est encore plus drôle, un autre m’avait suggéré de le faire à chaque séance que j’aurai avec lui.»
Quant à Nadia, elle les limite. Elle n’accorde jamais de l’importance à leurs discours. « Ils sont envahissants (yo soumoun). Ils cherchent toujours à te chouchouter et peuvent même te toucher si tu plaisantes avec eux », révèle Nadia.
Vocation ou perversion ?
Il y a des médecins qui se sont spécialisés en gynécologie non pas par vocation, mais plutôt par désir de voir des femmes, à longueur de journée, écarter les cuisses devant eux. Pas mal de femmes sont victimes du comportement licencieux des gynécologues qui font de leurs cliniques un artifice de séduction. Silvano Reynoso Sánchez, gynécologue dominicain, avait abusé sexuellement une patiente haïtienne de 24 ans, le 10 mars 2023, dans un centre médical de Los Frailes, en République Dominicaine, après l’avoir administrée un sédatif. En janvier 2023, le gynécologue américain Robert Hadden, a été reconnu coupable par une Cour fédérale de Manhattan, aux États-Unis d’Amérique, d’avoir agressé sexuellement plusieurs centaines de ses patientes. Nikita Levy qui était également un gynécologue américain, avant de se suicider en 2013, avait l’habitude de filmer et de photographier ses patientes à leur insu à l’aide d’un mini appareil photo dissimulé dans un stylo. 8 500 de ses patientes ont été victimes.
En Haïti, les pervers en blouse blanche ne sont pas dénoncés. Le nombre incalculable des patientes victimes souffrent en silence et vivent avec un traumatisme psychologique. L’exercice du métier de gynécologue devrait correspondre conformément à sa définition et à la déontologie médicale. Être gynécologue ne doit pas être un moyen pour assouvir son fantasme sexuel. Être gynécologue doit être un véritable sacerdoce.
*Les noms utilisés sont des noms d’emprunts.
Cet article a été modifié par souci de clarté et de précision (17/09/2024).
Marius MARECHAL Tél. : (+509) 38 00 4198 E-mail : marechalmarius365@gmail.com