Missak Manouchian, résistant communiste étranger, entre au Panthéon français, 21 février 2024. D’origine arménienne, né le 1er septembre 1906 à Adiyaman, dans l’Empire ottoman (aujourd’hui en Turquie), il est mort exécuté par les nazis le 21 février 1944 au mont Valérien, près de Paris, trois (3) avant la libération de la France.
Symbole des étrangers dans la résistance pour la libération de la France. Il est principalement connu pour son rôle de chef de la branche « Francs-tireurs et partisans – Main-d’œuvre immigrée (FTP-MOI) » composée principalement de communistes étrangers, sous-section des Francs-tireurs et partisans français (FTPF) contre l’occupation allemande lors de la seconde Guerre Mondiale.
Parcours d’un engagé et francophile
Orphelin, rescapé du génocide arménien qui a vu la mort de ses parents, Manouchian est arrivé en France en 1925, après avoir séjourné dans un orphelinat français au Liban, alors sous protectorat de la France, où il a pris goût pour la France et la poésie.
Après ses expériences de travail dans le milieu ouvrier dans des chantiers de la Méditerranée et à Paris aux usines Citroën, il s’est renoué à sa passion. Inscrit en auditeur libre à la Sorbonne, il se rendait quotidiennement à la bibliothèque Sainte-Geneviève et s’est imprégné des grands classiques. Avant la guerre, il a cofondé et animé des journaux arméniens dans lesquels il a publié ses poèmes, tout en traduisant en arménien des poèmes français pour ses compatriotes en exil.
Malgré l’échec de ses tentatives de naturalisation et témoin des conditions difficiles des ouvriers, il a rejoint dès 1934 le Parti communiste français (PCF) en militant activement contre le fascisme et l’occupation nazie. En 1940, il s’est engagé et illustré dans la résistance armée contre l’occupation de la France par les forces allemandes.
Manouchian et son groupe ont notamment mené des actions de sabotages, des attentats et des opérations de propagande contre les occupants. Ces derniers ont aussi mené d’intenses campagnes de répression contre le groupe. En novembre 1943, Manouchian et 23 autres membres du groupe ont été arrêtés par la Gestapo.
Après, un procès exécutif le 17 février 1944, ils ont été condamnés à mort. Manouchian et 22 autres ont été fusillés 4 jours plus tard, le 21 février 1944. Olga Bancic, la seule femme du groupe, a été transférée en Allemagne et guillotinée le 10 Mai de la même année.
La marche vers l’immortalité
Le groupe Manouchian, d’abord connu d’abord sous le nom « groupe Manouchian-Boczov-Rayman », devient immortel. En effet, au-delà de sa résistance, dix (10) parmi les condamnés ont fait l’objet de la célèbre « Affiche rouge », placardée dans toute la France occupée, en guise de propagande des nazis visant à diaboliser la résistance communiste et à susciter la peur parmi la population.
Devenue à contrario symbole de résistance, l’affiche rouge est transformée en une célèbre chanson de Léo Ferré, une mise en chanson du poème de Louis Aragon écrit dans les années 1950, qui est une reprise d’une missive de Manouchian, quelques heures avant son exécution, à sa femme Mélinée elle aussi panthéonisée.
Au jour du 80e anniversaire de l’exécution de ces 23 résistants, Missak Manouchian entre au Panthéon, célèbre lieu mémoriel de la France. Avec sa femme, il devient le monument immortel de la dense contribution des étrangers dans la libération de la France – plus largement du rôle majeur des immigrés dans l’histoire du pays – et d’une passion pour cette terre de culture et des droits de l’homme.