La résidence de l’ancien Président Jovenel Moïse illustre la caverne d’Ali Baba. Des personnes inculpées dans le dossier de l’assassinat du Président passent aux aveux. Ils ont retrouvé chez lui des objets précieux et une forte somme d’argent, le jour du magnicide, le 7 juillet 2021. Un commando dit avoir saisi un collier et de l’argent au domicile du chef de l’État, selon le journal Miami Herald qui cite le FBI.
Après le meurtre du Président Jovenel Moïse, un des meurtriers s’est enfui en Jamaïque. Le Colombien Mario Antonio Palacios Palacios s’est vite lassé de la vie en cavale et s’est arrangé pour rencontrer les autorités américaines pour éviter d’être renvoyé en Haïti. Palacios s’est entretenu par téléphone avec une personne de confiance, un officier militaire colombien qui avait été son patron.
L’officier, le colonel Alberto Moreno, a informé Palacios que son seul espoir était de rencontrer volontairement des enquêteurs américains en Jamaïque, selon le témoignage d’un agent du FBI mardi dernier devant le tribunal fédéral de Miami.
Moreno a coordonné la réunion entre Palacios et une équipe d’enquête dirigée par le FBI. Cette équipe, avec l’aide de la police jamaïcaine, a retrouvé Palacios dans une zone isolée à environ deux heures de Kingston. Le présumé meurtrier tenait un collier qui, selon lui, appartenait à sa femme.
Il s’est avéré que Palacios mentait. En effet, lors d’un entretien vidéo de près de six heures avec des agents fédéraux le 7 octobre 2021 dans un hôtel de Kingston, il a avoué avoir pris un collier, deux montres, 2 060 $ en espèces et d’autres objets personnels appartenant au chef de l’État et son épouse Martine Moïse. C’est ce qu’a fait savoir Jacqueline Valdes, un agent du FBI, lors de son témoignage préalable au procès dans l’affaire de l’assassinat du Président.
Palacios avait caché les objets de valeur dans un sac à dos, avec une hachette, a-t-elle déclaré à la barre des témoins devant le tribunal fédéral. Le procureur fédéral ne lui a pas demandé pourquoi Palacios portait la hache de guerre.
Lors d’un interrogatoire à l’hôtel en Jamaïque, l’agent du FBI a déclaré que Palacios s’était incriminé dans le complot visant à tuer le leader haïtien lorsque le commando colombien avait admis qu’« il avait été informé qu’ils allaient assassiner le président la nuit précédente » lors d’une réunion avec d’autres co-conspirateurs, au lieu du plan initial visant à l’arrêter lors d’une tentative de coup d’État.
La mission avait changé quelques heures avant le magnicide et était désormais double : trouver et tuer Moïse, et trouver et récupérer des sacs d’argent liquide chez lui, selon les détails de l’enquête colombienne sur l’assassinat.
Ces nouveaux détails dans l’affaire de Jovenel Moïse ont fait surface lors de l’audience du tribunal mardi 24 octobre, lorsque Valdes et d’autres agents fédéraux ont témoigné de leur interrogatoire avec Palacios. Ils ont enregistré des déclarations s’apparentant à des « aveux » que les avocats de Palacios, Joaquin Mendez et Alfredo Izaguirre, cherchent à se faire expulser parce qu’ils estiment que leur client était sous la contrainte.
La somme qui se trouvait chez le président Jovenel Moïse se situait entre 45 et 53 millions de dollars, selon les déclarations que certains des suspects emprisonnés en Haïti ont partagées avec les enquêteurs colombiens et américains chargés d’enquêter sur cet assassinat.
Palacios a été arrêté en janvier 2022 par des agents fédéraux à Miami après son arrivée du Panama. Palacios était détenu en Jamaïque, qui a décidé de l’expulser vers son pays natal, la Colombie, en janvier. Mais lors d’une escale au Panama, qu’il a accepté de se rendre aux États-Unis, selon les autorités fédérales.
Depuis son transfert, Palacios a plaidé non coupable et est détenu au centre de détention fédéral de Miami.