L’ex-Sénateur Youri Latortue réagit après la publication du rapport des Nations-Unies dans lequel son nom est figuré parmi les personnalités haïtiennes qui financent et soutiennent les gangs armés dans le pays. Dans une note datée du 19 octobre 2023, il rejette en bloc ces allégations qui, selon lui, ne reflètent pas la vérité et déclare être disponible pour fournir les clarifications sur tous les faits qui lui sont reprochés.
L’ancien élu du département de l’Artibonite déclare avoir le droit d’être entendu, opportunité qui, d’après cette note, lui a jusqu’ici été refusée mais accordée à d’autres. « C’est pour moi une déception de constater que dans son rapport, le Comité d’Experts reprend des rumeurs véhiculées par des adversaires et même des bandits; sans m’avoir rencontré et sans avoir tenu compte des ennemis que l’ampleur des rapports anti-corruption que j’ai eu à produire, me valent », écrit M. Latortue.
Le dirigeant de Ayiti an Aksyon (AAA) nie les allégations selon lesquelles il exerce un contrôle considérable sur la vie politique et économique du département de l’Artibonite, notamment par le recours à des gangs, comme Raboteau, qu’il finance et arme.
« Quant à Raboto, ancien quartier des Gonaïves, j’y suis né et j’y resterai attaché. Néanmoins, mes origines humbles ne font pas de moi un bandit. Regrettablement, la stigmatisation malhonnête des gens de Raboto par mes opposants a fait son chemin dans le rapport », dit l’ancien président de l’Assemblée nationale.
Aussi, il profite de l’occasion pour préciser qu’il n’a jamais armé Raboto. Si Raboto était armé comme on veut le faire croire, il serait une zone de non-droit comme les autres zones armées, précise l’acteur politique.
Afin que nul ne l’ignore, l’originaire des Gonaïves rappelle que Raboto ne pratique pas le kidnapping. D’ailleurs, souligne-t-il, c’est à Raboto aux Gonaïves que siègent toutes les activités commerciales de la ville, banques, restaurants et autres. Donc, ficher Raboto comme une zone de non-droit est, pour M. Latortue, une démarche entreprise par des acteurs souhaitant l’épingler par de fausses accusations.
En ce qui concerne le gang dénommé «Kokorat san ras» qu’il aurait financé, l’ancien parlementaire dit être le premier à avoir écrit à la police pour combattre l’expansion des gangs dans son département, tel que celui-ci, qui est réputé avoir pris naissance dans la zone de Gros Mome.
« Pour information, je ne connais pas les membres dudit gang, et ne sais même pas qui en fait partie. Je n’ai jamais eu de contact, ou aucune autre forme d’échange avec ce gang », réitère-t-il.
Par ailleurs, Youri Latortue s’inscrit en faux contre les allégations retenues par le Comité d’Experts selon lesquelles il aurait donné 30,000$ au chef de gang Jimmy Cherizier dit Barbecue. « Pour information, je n’ai pas de rapport avec ce demier, ni de près, ni de loin; et les attaques verbales faites par lui à plusieurs reprises contre moi devraient témoigner du fait que nous ne sommes pas du même bord », affirme l’ex-Sénateur.
Cependant, il dit avoir facilité une contribution en œufs suite à une demande faite en 2017 par un comité dont faisait partie le policier Jimmy Chérizier, en faveur d’un projet communautaire de championnat d’été à Delmas 6. Ce, à partir de son programme social qui distribue une partie de la production de la Ferme Latortue aux nécessiteux. Il faut souligner que Chérizier était à l’époque un policier en fonction.
Quant aux allégations faisant croire qu’il aurait eu recours à des gangs pour assurer sa protection rapprochée et détruire des biens, M. Latortue confirme que sa sécurité a été en tout temps composée soit de policiers ou d’agents de sécurité ayant reçu un certificat de la DCPJ.
Somme toute, l’ancien sénateur de l’Artibonite réfute les conclusions du rapport le concernant. Il demande à ses avocats de prendre les mesures qui s’imposent pour écrire au Comité d’Experts et faire valoir la vérité.
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