Le Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations-Unies (ONU) a statué, le lundi 17 octobre 2022, sur la possibilité d’envoyer une force internationale en Haïti, conformément à la demande formulée par le gouvernement haïtien. Toutefois, aucune décision n’est encore prise sur ce dossier qui ne fait pas l’unanimité au sein du Conseil de sécurité de cet organisme international.
« La situation est absolument dramatique en Haïti. Le terminal pétroliers est bloqué par les gangs, qui ne laissent pas sortir le carburant. Sans carburant, il n’y a pas d’eau. Et il y a le choléra dont le traitement nécessite une bonne hydratation ››, déclaration devant la presse du secrétaire général de l’ONU, António Guterres.
« C’est une situation absolument cauchemardesque pour la population Haïtienne», a-t-il ajouté, réitérant son appel à envoyer une force armée internationale pour libérer le terminal pétrolier de Varreux, bloqué depuis plus d’un mois par le gang G9 dirigé par Jimmy Chérisier alias Barbecue.
Par ailleurs, le ministre Haïtien des Affaires étrangères, Jean Victor Généus qui a récemment déclaré que le gouvernement Haïtien a le contrôle de la situation du pays, a fait une volte-face. ‹‹ J’ai la délicate mission de porter devant le Conseil de sécurité le cri de détresse de tout un peuple qui souffre et de dire à haute et intelligible voix que les Haïtiens et Haïtiennes ne vivent pas, ils survivent », a-t-il affirmé. Alors que récemment au cours d’une réunion à l’ONU, où le chancelier haïtien a pris part, ce dernier a déclaré que tout est globalement sous contrôle.
Pour contrer la violence des gangs qui a entraîné la paralysie du pays, les États-Unis et le Mexique travaillent sur deux résolutions.
L’une « autoriserait une mission non onusienne internationale d’assistance pour la sécurité afin d’améliorer la situation sécuritaire et de permettre de délivrer l’aide humanitaire », a expliqué l’ambassadrice américaine Linda Thomas-Greenfield lors du Conseil de sécurité.
Cette résolution, a-t-elle précisé, proposera une mission non liée à l’ONU, limitée, cadrée avec attention, et menée par un pays partenaire avec une expérience importante et nécessaire pour qu’un tel effort soit efficace. De plus, selon Mme Thomas-Greenfield, les États-Unis allaient réfléchir à la meilleure façon de directement soutenir, permettre, et fournir des ressources à une telle mission.
Qu’en pensent la Chine et la Russie?
Cette option a été soutenue par plusieurs pays membres du Conseil. Toutefois, d’autres pays ont exprimé des réserves, se basant sur les différents mouvements de protestation organisés en Haïti contre une éventuelle intervention étrangère. C’est le cas notamment de la Chine et de la Russie.
« Alors que le gouvernement manque de légitimité et est incapable de gouverner, l’envoi d’une telle force d’action rapide aura-t-il le soutien des différentes parties en Haïti ou fera-t-il face à de la résistance, voire provoquera-t-il des confrontations violentes avec la population ? », s’est interrogé le représentant chinois Geng Shuang, appelant à la « prudence ».
La Chine a toutefois signalé son soutien de principe, avec quelques « changements » demandés, à une deuxième résolution en préparation qui prévoit la mise en place d’un régime de sanctions (interdiction de voyage, gel des avoirs, embargo ciblé sur les armes) contre les gangs et leurs leaders.
Des sanctions par contre rejetées par la Russie, qui a dénoncé un processus fait « à la hâte ». Le représentant russe, Dmitry Polyanskiy, a aussi appelé à peser toutes les conséquences d’envoyer des contingents étrangers, jugeant « inacceptables les interférences dans le processus politique haïtien de la part d’acteurs régionaux connus qui considèrent le continent américain comme leur arrière-cour ».
La situation d’Haïti au Conseil de sécurité de l’ONU laisse à désirer à ce qu’il ressemble. Reste à savoir si les membres dudit conseil vont voter pour ou contre l’envoi d’une force militaire au pays. Mais ce qui est certain, Haïti fait face à une véritable crise sociopolitique caractérisée notamment par la violence des bandes criminelles et le ressurgissement du choléra dans plusieurs quartiers de la capitale haïtienne.
Shelovenie Jean
Avec le Devoir
Lisez aussi : Le gouvernement Haïtien honore la mémoire de l’Empereur Jacques 1er