L’ Action Internationale pour les Droits Humains (AIDH) dépeint un sombre tableau sur les conditions de détention en Haïti. Le lundi 11 juillet 2022, elle appelle le pouvoir central à agir dans l’immédiat pour remédier à cette situation inhumaine.
L’AIDH exprime ses vives préoccupations face au non-respect du droit à l’alimentation et de l’eau potable dans les prisons haïtiennes. La population carcérale à travers les différentes juridictions du pays, selon cette structure, est évaluée à onze mille cinq cent (11 500) détenus. Quatre vingt cinq pour cent (85%) de ces prisonniers, qui sont en situation d’insécurité alimentaire, sont aussi en détention préventive prolongée.
Se nourrir est un luxe pour les prisonniers haïtiens. Bon nombre d’entre eux passent plusieurs jours sans nourriture ni eau potable, d’après l’AIDH qui souligne que cette situation aggrave l’état médical et affaiblit l’organisme des détenus.
L’organisme de défense des droits humains dit constater que l’alimentation des prisonniers n’est pas équilibrée. Ces derniers reçoivent régulièrement les mêmes plats chauds. Pas de variété dans la composition des aliments et la quantité est insuffisante.
Quand c’est l’administration pénitentiaire qui s’en occupe, on observe une distribution dans un environnement malsain et inhumain. Quand c’est un membre de leur famille qui en apporte, le détenu qui la reçoit est obligé d’être solidaire avec ses compagnons de cellule ou le major. Il est impossible de manger seul, rapporte l’AIDH.
Des centres carcéraux deviennent des couloirs de la mort
Elle rappelle que toute personne a droit à une alimentation saine et suffisante leur permettant de satisfaire leurs besoins nutritionnels et de mener une vie active. Et ce, conformément aux conventions Internationales et à la constitution haïtienne.
‹‹ L’alimentation n’est pas un privilège. Toute personne privée de ce droit est réduite à sa plus simple expression. Car, la faim est une nouvelle forme d’assassinat. C’est donc un crime. Le fait même que le prisonnier ne peut pas se nourrir est un crime sur sa personne ››, soutient l’AIDH.
L’action internationale pour les droits humains presse le Gouvernement d’Ariel Henry à tout mettre en oeuvre pour effectivement faire des tournées d’inspection en province en vue d’y visiter les prisons. Compte tenu des conditions carcérales infrahumaines, la plupart des centres carcéraux sont devenus des couloirs de la mort, selon cette institution. ‹‹C’est de la violation des règles minima de détention des Nations Unies en la matière.››
Cette tournée pourrait, selon l’AIDH, permettre au Gouvernement de collecter les informations utiles en vue de prendre les bonnes décisions visant à humaniser les conditions de détention et à mettre ainsi fin à de nombreux cas de décès enregistrés dans certaines prisons et d’autres violations des droits des détenus.