Le Comité Interministériel d’Aménagement du Territoire (CIAT) soumet un rapport d’évaluation rapide de 22 pages suite au séisme dévastateur, de magnitude 7.2 ayant frappé les départements du Sud, des Nippes et de la Grande-Anse d’Haïti, le 14 août 2021. A travers ce rapport, il propose entre autres des lignes directrices pour aborder le défi post-séisme. ‹‹ Il faut certes secourir les plus pauvres mais également appuyer les classes moyennes, puisque toutes les catégories sociales sont touchées ››, a-t-il suggéré.
Le Comité plaide en faveur d’une aide d’urgence axée sur deux (2) plans. Il suggère d’aider à fond les hôpitaux, centres de santé et dispensaires qui manquent de tout. A cet effet, le CIAT croit que les acteurs concernés doivent s’inspirer de la liste des médecins de l’hôpital général en sachant qu’il n’y a rien pour plâtrer, panser et soulager la douleur. ‹‹ Même si les sauveteurs américains sont déjà à l’œuvre, on en aura besoin pour les gens des sections communales qui ne sont pas dans les villes en même temps que les sauveteurs. Certains établissements ont été endommagés et leur remise en état fait partie des priorités ››, dit-il.
Le Comité pense que les autorités étatiques doivent aider la population à déblayer les décombres pour enlever les cadavres et se reconstruire un lieu de vie. Pour cela, il rappelle la nécessité d’avoir des barres à mine, des masses, des pelles, des pioches, des brouettes, des marteaux, des clous et des prélats ou des bâches. Un support en eau potable est également indispensable.
Selon l’organisme interministériel, il faut également laisser jouer les solidarités de parenté et de voisinage. Une aide alimentaire prématurée et désordonnée compromettrait cet effort. Il en est de même de la distribution de tentes qui désorganiserait l’espace publique et créerait des attentes impossibles à satisfaire.
En ce qui concerne la reconstruction de la région
Quant au processus de reconstruction de la presqu’île Sud d’Haïti, le Comité propose des lignes directrices générales basées sur les leçons apprises du tremblement de terre du 12 janvier 2010.
Il conseille de proportionner l’effort de reconstruction aux dégâts qu’il faut gérer. Les budgets nationaux et internationaux doivent être construits en fonction du principe suivant : ‹‹ se consacrer à un type d’intervention
mais pouvoir le faire à grande échelle ››.
Le CIAT préconise une communication intense de proximité. La stratégie gouvernementale doit être connue de tous et permettre qu’il n’y ait aucune attente de la population qu’on sait ne pas pouvoir satisfaire, a-t-il préconisé.
D’après le Comité, il faut certes secourir les plus pauvres mais également appuyer les classes moyennes, puisque toutes les catégories sociales sont touchées. Le crédit sans intérêt ou à taux d’intérêt très faible serait le canal privilégié pour toucher cette catégorie sociale. Les caisses populaires seraient un des leviers privilégiés pour ce type d’intervention.
‹‹ Ne surtout pas entreprendre les actions de nature à créer des dépendances qui ne peuvent être satisfaites dans le moyen et le long terme ››, a-t-il conseillé.
Il propose de déblayer et de remettre en état des infrastructures et des maisons des pôles de création d’emploi plutôt que de tout faire aux engins lourds, ce qui va plus vite mais n’apporte aucun revenu aux populations.
Ne pas créer de camps ni aucun regroupement d’aucune sorte : les gens seront aidés chez eux et les institutions qui apportent un appui post-désastre devront se déplacer plutôt que de faire déplacer les victimes du tremblement de terre.
Rétablir les communications coupées par les éboulements au niveau des sections communales et des locales, comme on a fait sur les routes nationales et départementales.
Selon le rapport du CIAT, l’épicentre du tremblement de terre a été localisé à 12km au Nord-Est de Saint-Louis du Sud, dans le massif de la Hotte, à 10 km de profondeur. Il expose la très grande vulnérabilité de la péninsule Sud à tous les aléas naturels en plus de la présence de la faille Enriquillo-Plantain Garden qui traverse le Sud à partir de Tiburon.