L’Ambassade de la République d’Haïti en France, à travers cette note publiée ce 17 mai 2021, proteste contre certaines allégations relatées dans le reportage intitulé « Haïti : la loi des gangs » diffusé le dimanche 16 mai 2021 dans le magazine Enquête exclusive de la chaine M6. Si d’un côté elle défend le pouvoir en place, d’un autre côté elle indexe les anciens élus et quelques membres de l’oligarchie.
L’Ambassade d’Haïti en France dit exprimer ses vives protestations quant à certaines allégations contenues dans le reportage intitulé « Haïti : la loi des gangs ». Elle dément fermement toute connivence des autorités avec des bandits recherchés par la Police tel que semble le suggérer le reportage. Toutefois, elle affirme que l’insécurité observée dans la région de la capitale est largement alimentée et utilisée à des fins politiques par quelques oligarques opposés aux réformes en cours.
Aussi, l’Ambassade regrette que le reportage présente comme une information vérifiée une rumeur selon laquelle l’Etat haïtien a dû racheter 80 mille dollars un véhicule blindé détenu brièvement par des bandits, sans l’étayer par des éléments de preuve, comme le voudrait la déontologie en la matière.
« L’Ambassade s’insurge que le reportage ait procédé à une simplification extrême de la situation du pays. Il est regrettable que le magazine ait omis de présenter les faits qui démontrent que la situation actuelle résulte essentiellement d’une entreprise de déstabilisation orchestrée contre le président en exercice, et non d’initiatives des autorités haïtiennes. Les faits démontent d’ailleurs cette construction fallacieuse : les autorités haïtiennes n’ont aucun intérêt, tant du point national, qu’international, à laisser perdurer cette inacceptable situation sécuritaire », lit-on dans cette note.
Selon l’institution, les armes de guerre détenues par les groupes armés, largement exposées dans le reportage, n’ont ni importées ni distribuées par les autorités. Elles sont le fait d’oligarques et d’anciens élus ayant un projet non-démocratique, dans l’intention manifeste de leurs prébendes sur les ressources publiques.
En appui à ces affirmations, l’Ambassade rappelle les témoignages d’un ancien otage. « C’est ainsi que le Père Briand, récemment libéré du joug d’un groupe de criminels en Haïti qui lui ont expliqué qu’ils avaient créé leur gang grâce au financement d’anciens élus, corrobore les faits en précisant : « Quand ces députés et sénateurs ont perdu leur pouvoir, ils ont largué ces gangs qui se sont retrouvés sans revenus »
Par ailleurs, l’Ambassade condamne le fait que le reportage présente la situation de la tranquillité publique qui règne à Jacmel comme exceptionnelle alors même que cela est le quotidien de la majorité des grandes villes du pays comme le Cap-Haïtien, Port-de-Paix, Hinche, les Cayes ou Jérémie.
Pour elle, laisser supposer, comme le fait le reportage, que ce serait l‘ensemble du pays qui se trouverait sous l’influence des gangs est une inacceptable contre-vérité. En fait, l’Ambassade demande à la chaine M6 de bien vouloir remanier son reportage pour y intégrer les éléments factuels exprimés dans cette note et espère que les mesures seront prises face à cette désinformation.
Shelovenie Jean