Haititweets publie ci-après, la note de presse du Collectif Défenseurs Plus sortie ce 3 mai 2021, à l’occasion de la journée mondiale de la liberté de la presse célébrée sous le thème « L’information comme bien public ». L’Organisme de défense des droits humains, à travers cette note, appelle à la protection de la liberté d’expression en générale et celle de la presse en particulier.
La liberté d’expression est un indice qui témoigne de l’état de la démocratie dans un pays. Il s’agit d’un droit fondamental, garanti par la Déclaration Universelle des droits de l’Homme de 1948 ainsi que par la Constitution de la République d’Haïti de 1987. Durant les trois dernières décennies, la société haïtienne a connu des progrès assez considérables en matière de respect des libertés publiques, de la libre circulation d’informations au profit de l’intérêt de la population. Cependant, il reste beaucoup à faire pour avoir une presse libre, indépendante et soucieuse du respect des principes éthiques et déontologiques.
Le Collectif Défenseurs Plus, organisme de promotion des droits de la personne humaine, croit que les acquis démocratiques tel que : la liberté d’expression, le droit à l’information et le droit à la participation, obtenus sur fond de grandes luttes sont à préserver à tout prix. En ce sens, chaque génération est appelée à protéger la liberté d’expression en générale et celle de la presse en particulier. Car, elles sont souvent la proie des velléités liberticides de certaines politiques lorsqu’elles leur sont défavorables.
Durant les 20 dernières années, la presse haïtienne a compté de nombreuses victimes dans ses rangs. Plusieurs journalistes ont été lâchement assassinés sans que les autorités judiciaires ne fassent la lumière sur ces crimes. Citons entre autres les assassinats de Jean Léopold Dominique, Jacques Roche, plus récemment ceux de Vladimir Legagneur, Néhémie Joseph et de Rospide Pétion. De plus, le contexte actuel est marqué par des troubles politiques, la liberté de la presse est souvent menacée. Lors des mouvements de protestation, certains journalistes sont parfois la cible de menaces, de coup de gaz lacrymogène, de balles en caoutchouc, de la part des agents de l’ordre. En effet, Défenseurs Plus autant que d’autres acteurs de la société n’ont cessé de dénoncer ces dérives, de rappeler que ces actes doivent être punis afin de freiner ces pratiques.
Par ailleurs, il faut souligner que la presse a une lourde responsabilité dans la diffusion de l’information. Les journalistes ont une responsabilité sociale qui va de pair avec leur droit d’informer la population, conformément à l’article 28.2 de la Constitution. L’information qu’ils diffusent doit être crédible, vérifiée et fiable. Les professionnels de la presse doivent faire preuve de vigilance critique dans le traitement de l’information. Malheureusement, certains journalistes commettent des impairs dans l’exercice de leur profession, soit en lançant des propos injurieux, diffamatoires, ou en faisant des accusations sans fondement qui portent atteinte à la réputation, à l’image ou à l’honneur de certains citoyens. Ou encore en faisant des appels à la violence, en relayant des propos venant de certains acteurs politiques incitant à l’hostilité. Qui pis est, il est fréquent aujourd’hui d’entendre des présumés criminels notoires interviewés par des journalistes dans des émissions de radio. Tenant compte de ces faits malencontreux, les associations de journalistes doivent agir au plus vite pour freiner ces dérives qui affectent l’image de la presse haïtienne.
Il n’est pas sans savoir que la presse a joué un rôle déterminant dans la libération du peuple haïtien du joug de la dictature. C’est pourquoi elle doit continuer à suivre ses engagements, conformément aux principes éthiques, déontologiques et juridiques régissant la matière. A l’occasion de la journée mondiale de la liberté, célébrée sous le thème : « L’information comme bien public ». Défenseurs Plus rappelle qu’il y a un ensemble de documents qui régulent le travail des professionnels de la presse : La charte de Munich, élaborée en 1971, reconnue par des associations professionnelles internationales, la charte des médias et des journalistes d’Haïti en périodes électorale adoptée en 2005, le code de déontologie des médias et des journalistes, enfin, le décret du 12 octobre 1977, sur le monopole des services de communications.
Défenseurs Plus, estime important de souligner qu’il y a besoin urgent de légiférer sur de nouveaux phénomènes qui ont émergé dans le monde des médias, plus particulièrement les médias en ligne. Si les plateformes rendent l’information plus accessible, elles prêtent malheureusement flanc à la diffusion des rumeurs, des messages toxiques qui influent négativement l’opinion publique. En effet, la presse doit continuer à jouer son rôle dans la construction de la démocratie en Haïti. Elle est une entité précieuse. Par conséquent, il est important de protéger la liberté de la presse et de garantir des meilleures conditions de travail aux journalistes et aux travailleuses et travailleurs de la presse. Laquelle liberté est encadrée par des règles édictées par le pouvoir public, des principes éthiques et déontologiques et par le sens des responsabilités des professionnels de la presse.
Fait à Port-au-Prince, le 3 Mai 2021
Samendina Lumane JEAN
Responsable de Communication
Haititweets