Nous publions ci-après, l’intégralité d’une correspondance de la Direction politique de l’opposition démocratique (DIRPOD) adressée à la présidente du Conseil permanent de l’OEA, Elisa Ruiz Diaz Bareiro. Cette structure regroupant plusieurs partis politiques de l’opposition réitère sa disponibilité pour participer à toute initiative pouvant conduire à une résolution pacifique de la crise haïtienne. La DIRPOD fait savoir qu’elle souscrirait à une démarche conduisant à un départ ordonné du Président Jovenel Moïse dans les limites de la constitution haïtienne en prenant en considération les revendications légitimes de la population haïtienne.
Port-au-Prince, le 23 avril 2021
A Son Excellence Madame l’Ambassadeur Elisa Ruiz Diaz Bareiro
Présidente du Conseil Permanent
Organisation des États Américains (OEA)
Washington D.C. États-Unis d’Amérique
Madame la Présidente du Conseil Permanent,
La Direction Politique de l’Opposition Démocratique (DIRPOD) a pris connaissance de la Résolution 1168 adoptée le 17 mars 2021 par le Conseil Permanent de l’Organisation des États Américains.
Les constats figurant dans ladite Résolution montrent l’attention que les membres du Conseil Permanent portent sur la situation qui prévaut en Haïti, surtout en ce qui concerne les violations de la Constitution, la non-tenue des élections régulières dans le temps imparti par la loi, la gouvernance par décret, les violations systématiques des droits de la personne humaine et la dégradation accélérée de l’environnement sécuritaire qui a mis à nu l’incapacité des autorités en place à endiguer la montée de la criminalité.
Néanmoins, la Direction Politique de l’Opposition Démocratique considère que le Conseil Permanent pourrait même juger opportun de constater que la crise actuelle Haïtienne correspond aux cas de figure prévu à l’article 19 de la Charte démocratique de l’OEA stipulant : « Sur la base des principes énoncés dans la Charte de l’OEA et sous réserve des normes de celle-ci, et conformément à la Clause démocratique figurant dans la Déclaration de Québec, l’interruption inconstitutionnelle de l’ordre démocratique ou l’altération de l’ordre constitutionnel qui menace sérieusement l’ordre démocratique dans un État membre de l’OEA, constitue, tant que dure la situation, un obstacle insurmontable à la participation de son Gouvernement aux sessions de l’Assemblée générale, de la Réunion de consultation des ministres des relations extérieures, des conseils de l’Organisation et des conférences spécialisées, commissions, groupes de travail et autres organes de l’OEA ».
Cependant, elle prend acte avec intérêt que le Conseil Permanent utilise le mécanisme qui y est prévu, en proposant ses bons offices en vue de promouvoir la normalisation de la démocratie institutionnelle (Article 20 alinéa 2 de la Charte démocratique interaméricaine).
La DIRPOD s’étonne toutefois qu’aucune suite n’ait été donnée à ladite résolution par le Secrétariat Général de l’OEA.
Face à l’instabilité actuelle et le chaos qui sévissent dans le pays, il convient de trouver une solution durable à la crise politique qui menace de saper les fondements mêmes de la nation. La Direction Politique de l’Opposition Démocratique est d’avis qu’il est encore possible d’aboutir à un départ ordonné de M. Jovenel Moïse dont le mandat a pris fin le 7 février 2021 eu égard à l’article 134.2 de la constitution de la République d’Haïti et à l’article 239 du décret électoral du 2 mars 2015.
Tout en réitérant sa disponibilité à participer à toute initiative pouvant conduire à une résolution pacifique de la crise haïtienne, la DIRPOD souscrirait à une telle démarche dans les limites de la constitution haïtienne en prenant en considération les revendications légitimes de la population haïtienne.
La DIRPOD vous prie de recevoir, Madame la Présidente du Conseil Permanent, l’assurance de sa haute considération.
Pour la DIRPOD :
Paul Denis
Rosemond Pradel
Youri Latortue
Haititweets