Partant d’une observation sombre de la conjoncture politique actuelle, et notamment la montée de l’insécurité, le Collectif 4 Décembre affirme que la réalisation des élections sont inconcevables. Ces dernières dans de telles conditions donneront des résultats contestés et des élus illégitimes, croit anticiper le représentant du Collectif.
Lors d’un entretien exclusif accordé à haïtitweets le Mercredi 16 Décembre 2020, le coordonnateur du collectif, Jean Robert Argant plaide en faveur d’une transition fondatrice pour poser les problèmes de base qui rongent la société haïtienne. Selon lui, la prolifération des gangs dans les différents quartiers du pays, la montée vertigineuse des cas d’enlèvement et de sequestration, la méfiance de certains secteurs et acteurs politiques dans ce processus électoral sont, entres autres, les raisons pour le collectif 4 décembre de conclure que le terrain n’est pas favorable aux prochaines élections.
Des élections dans une pareille conjoncture, dit-il, auront un très faible taux de participation et les élus issus de ces dernières vont passer toute la durée de leur mandat, qui était censé dédié pour travailler au service de la population, à se confronter à des mouvements de protestation.
Interrogé sur le projet de la nouvelle constitution, l’un des chantiers que le président Jovenel Moïse a promis d’achever d’ici au 7 Février 2022, M. Argant pense que c’est regrettable que la réalisation du procès PétroCaribe ne fasse pas partie des chantiers du chef de l’Etat. Il croit que ce projet n’enmenera le pays nulle part et va apporter des problèmes en guise de solution.
Doter le pays d’une nouvelle constitution, ajoute-t-il devrait être la résultante d’une entente entre tous les secteurs de la vie nationale. Cette dernière nécessite un large consensus entre toutes les entités de la nation en vue de définir une vision commune pour le pays dans les 50 à 100 prochaines années, poursuit-il.
87.4% de la population haïtienne est favorable à une nouvelle constitution, selon un sondage
Quant à la durée du mandat du chef de l’Etat, le collectif 4 Décembre est accroché à l’avancement du pays et au respect des normes constitutionnelles, dit Argant. « Quelle sera l’action positive qui va s’ajouter entre 2021 et 2022, sinon une catastrophe pour le pays? Pourquoi nous ne nous mettons pas à la hauteur d’homme d’Etat, pour faire ce constat » s’interroge M. Argant.
Le collectif croit que l’heure est arrivée pour aborder autrement les choses, d’où l’importance, dit Jean Robert Argant, d’une transition fondatrice de l’Etat Nation. Il préconise que la société haïtienne, sans exclusion, assume la gestion de cette période transitoire. Ôter ceux qui sont au pouvoir pour faire de place à l’opposition ne va pas résoudre les problèmes du pays, insiste-il.
De ce fait, cette transition sera assurée par des personnes, quelle que soit leur appartenance, qui épouseront des critères tels que : l’intégrité, le patriotisme et la compétence.
Dans cette période transitoire, nous devons créer un Conseil Electoral à la hauteur de sa mission pour réaliser des élections crédibles, donner aux partis politiques le temps qu’il faut pour se structurer, dit-il. Ces partis doivent avoir au moins 200 mille membres ce qui donnera au moins 5 ou 6 structures politiques.
« Nous sommes au carrefour où les choses doivent changer, il faut aller autrement et faire des réformes en profondeur pour le bien de notre futur » conclut M. Jean Robert Argant, le coordonateur du Collectif 4 Décembre.
Shelovenie Jean