Haïti est en route vers une nouvelle constitution. Installé depuis plus d’un mois, l’organe chargé de son élaboration fait sa première sortie devant la Presse pour présenter à la nation l’état d’avancement de son travail. Le lundi 7 Décembre 2020, le président du Comité Consultatif Indépendant pour l’élaboration de la nouvelle constitution (CCI) Me Boniface Alexandre, accompagné des autres membres, promet à la nation un travail purement technique sans intervention du pouvoir en place. Il a du même coup annoncé à la population un avant-projet de constitution pour le mois de janvier 2021.
Changement de régime politique, parlement monocaméral, un système électoral simplifié, l’harmonisation des mandats des élus, réduction du coût des élections, décharges pour les fonctionnaires de l’Etat, la question de la double nationalité, la participation de la Diaspora dans les affaires internes du pays, sont autant de points touchés dans ce projet de nouvelle constitution. Ils sont par ailleurs considérés par le CCI comme des questions sensibles sur lesquelles épuiser du temps et confronter les idées avec constance.
Des consultations incessantes en cours…
Tenant compte de la complexité des axes touchés dans le processus de changement de constitution, le CCI après avoir consulté les différents rapports antérieurs et suite aux analyses effectuées et les failles qui ont été mises en évidence, s’active à proposer un modèle d’équilibre. Sur ce coup, le CCI se donne la possibilité de casser la tension qui existe entre les pouvoir exécutif, législatif et judiciaire et notamment la dépendance de cette dernière provoquée par le mode de nomination des juges. Entre ces éléments éminemment politiques, le comité a adressé d’autres questions qui n’ont pas été explorées en profondeur par les autres rapports, dit Louis Naud Pierre, notamment les questions économique et sociale.
En fait, conscient des conséquences économiques et financières que peuvent provoquer ces réaménagements dans l’organisation de l’Etat, Louis Naud Pierre précise que ces chapitres y relatifs seront retournés, pour des analyses plus poussées, aux secteurs vitaux de la nation. Toutefois, il avance que ces derniers ont été déjà été soumis auprès d’experts depuis le mois de novembre et les consultations se poursuivront jusqu’à la fin de l’année.
Aussi, le comité a déjà réalisé deux séances d’audition d’au moins quatre (4) experts sur ces sujets. Ils sont anciens parlementaires et/ou personnalités ayant déjà travaillé sur des projets similaires ou connexes. Ces personnalités sont considérées, par le CCI, comme des personnes ressources qui, au terme de ce projet, seront encore sollicitées pour donner leur avis, a-t-il précisé.
Le 26 février, date retenue pour la remise du travail au président de la République
Lors de cette sortie très attendue du CCI, un autre point a été fixé. Le CCI a précisé que le 26 Février 2021 est la date limite pour remettre son travail au Président de la République. Toutefois, il prévoit dans son programme de communiquer, à partir du mois de Janvier 2021, un avant-projet à tous les secteurs de la vie nationale, ajoutant que le comité va les rencontrer avec le texte où ils auront la possibilité de faire valoir leur position sur le scénario adopté par le CCI.
D’un autre côté, le numéro un dudit comité Me Boniface Alexandre, convaincu que la constitution actuelle est responsable de nos turbulences, a profité de l’occasion pour apporter des précisions à tous ceux qui croient que le CCI travaille suivant les instructions du pouvoir en place. « Notre travail est purement technique, il n’y a rien de politique là-dedans » crépite l’ancien président de la République. Il a, en outre, appelé la population à rejeter toutes les informations des acteurs de l’opposition faisant croire que le CCI va soumettre un projet de constitution qui aurait été déjà rédigé par l’exécutif.
« C’est un travail technique et non politique, nous ne recevons aucune instruction de la part de personne, aucun membre du pouvoir n’ont jamais contacté le CCI pour donner des instructions » a conclu l’ancien président de la République.
Malgré la détermination des membres du CCI dans leur mission, il faut souligner qu’une bonne partie de l’opposition dite démocratique sont imperméables à reconnaître la nécessité de cette initiative. Ils sont investis dans d’autres démarches visant à provoquer le départ du président Jovenel Moïse avant même la date retenue par le comité pour soumettre le projet de la nouvelle constitution.
Shelovenie jean
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