Pour marquer le 10ème anniversaire de l’introduction du choléra en Haiti par les casques bleus des Nations-Unies, la Plateforme Haïtienne de Plaidoyer pour un Développement Alternatif (PAPDA), le Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH), la Commission Episcopale – Justice et Paix (CE-JILAP) et d’autres organisations de défense des Droits Humains ont annoncé la tenue d’un Tribunal Populaire pour ce Mardi 20 Octobre 2020, aux fins de juger les Nations-Unies pour ses crimes perpétrés contre les Haïtiens, notamment l’introduction de l’épidemie de Cholera sur le territoire national.
« Ce Tribunal Populaire fait partie d’une série d’activités qui ont pour objectif de travailler contre le crime du silence. C’est inacceptable que 10 ans après, l’introduction du Cholera en Haïti par la Mission des Nations-Unies pour la Stabilisation d’Haïti (MINUSTAH) reste impunie » dénonce le Directeur Executif de la PAPDA Camille Chalmers, lors d’une conférence de Presse organisée ce lundi 19 Octobre 2020.
Il a en outre fait savoir que cette initiative est le point de départ d’une vaste campagne internationale pour faire le maximum de pression sur les Nations-Unies dans le but d’exiger justice et réparation pour les victimes de l’épidemie de choléra. Sans quoi, il est possible de remettre en question sa crédibilité sur sa prérogative de défendre les Droits Humains, poursuit M. Chalmers.
Le Directeur de la PAPDA souligne que le concept de réparation à ce Tribunal Populaire aura une portée sur l’avenir. Selon lui, il faut créer des conditions pour empêcher de nouvelles tragédies dans ce pays, par l’accès à l’eau potable pour toute la population haïtienne pour éviter la repise de l’épidemie de choléra et d’autres maladies.
En ce sens, il affirme que les Nations-Unies est un organisme qui a la compétence technique et administrative pour faire ce travail, qui coûte moins que les 750 millions de dollars qu’avait englouti la MINUSTAH chaque année.
Par ailleurs, Me Patrice Florvilus, Directeur du Cabinet des Avocats Spécialisés en Litige Stratégique des Droits Humains (CALSDH) a fait savoir que deux initiatives ont été prises du point de vue légal, l’une par le Bureau des Avocats Internationaux (BAI) devant un Tribunal Américain pour exiger justice et réparation pour les victimes de choléra, la demande a été rejetée en évoquant la question de l’immunité de la MINUSTAH. L’autre au niveau national par le Cabinet CALSDH, le Tribunal a été déclaré incompétent, informe-t-il.
Me Florvilus affirme avoir constaté que la justice formelle a failli à sa mission, ces organismes de Droits humains interpellent la justice populaire. Ce Tribunal Populaire va se déclarer compétent et va trancher pour prononcer un verdict contre les Nations-Unies. Ceci sera utilisé comme un outil de plaidoyer partout à travers le monde pour exiger justice et réparation pour les victimes de choléra.
« Il faut que toutes les victimes de cette épidémie soient indemnisées individuellement » exige Vilner Benjamin, Coordonateur Général de l’Association des Victimes du choléra de Carrefour (ASOVIC-C). Il rejette toute idée d’indemnisation collective pour les victimes.
Shelovenie JEAN
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