Tôt ce matin plusieurs centaines d’Avocats se sont rassemblés au cabinet de Me Dorval pour prendre part à la marche de ce Jeudi 3 Septembre comme prévue lors de la dernière assemblée générale qui s’était tenue au barreau de Port-au-Prince la semaine écoulée. Un seul objectif : marcher pour réclamer justice et réparation pour le bâtonnier tombé sous les balles assassines en sa résidence à pèlerin 5.
La bâtonnière a.i Marie Suzie Legros dans ses propos de circonstance réclame justice pleine et entière pour Me Monferrier Dorval. Elle dénonce le fait que trop souvent les enquêtes se poursuivent indéfiniment et sont jetées dans la poubelle de l’oubli. Ce qui prolonge le règne de l’impunité dans le pays. Elle ajoute que la vérité doit éclater intégralement ; car nul ne peut être au-dessus de la loi dans une société démocratique.
La bâtonnière croit que dans cette circonstance exceptionnelle les institutions compétentes doivent se montrer à la hauteur de leurs responsabilités et parvenir à rétablir la vérité. Il faut que justice soit rendue au bâtonnier Monferrier Dorval et à la société toute entière, a-t-elle conclu.
C’est le bâtonnier, le savoir et la profession des Avocats qui sont assassinés…
« L’un des nôtres est assassiné comme un chien. Nous sommes tous et toutes orphelins à partir de cet assassinat » déclare Jacques Létang président de la Fédération des Barreaux d’Haïti (FBH), en affirmant que les autorités étatiques sont quasiment absentes, face à la montée vertigineuse de l’insécurité.
« Les vaincus du présent seront les mécontents de demain et les révoltés de l’avenir » déclare Simon Dieuseul Desras, avocat et ancien président de l’Assemblée Nationale. Il s’adresse aux auteurs et complices de cet assassinat leur promettant que Me Dorval avant sa sépulture va chercher ses assassins pour se venger.
De son côté, Me Evel Fanfan, directeur du Conseil Exécutif des Unités Motivées pour une Haïti de Droit (AUMODH), « c’est le bâtonnier, le savoir et la profession des Avocats qui sont assassinés ». Selon l’activiste, on est tous concernés et attaqués directement ou indirectement par cet assassinat. Me Fanfan croit que dans un sens comme dans un autre l’Etat est responsable de faire luire la lumière sur ce crime et réclame l’arrestation non seulement des exécutants mais aussi des auteurs intellectuels de ce forfait.
N’importe qui peut mourir…
Pour marquer son pessimisme, Me Arnel Remy, porte-parole du Collectif des Avocats pour la Défense des Droits de l’Homme (CADDHO), présent à cette marche, affirme que Me Monferrier Dorval n’était pas une vulgaire personne mais un homme de science qui a contribué à la formation de plusieurs générations d’étudiants. Il souligne sa méfiance en la justice haïtienne quant à l’aboutissement de cette enquête. D’un ton ferme, Me Remy réclame une révolte populaire face à la montée de l’insécurité qui pourrait occasionner la mort de n’importe quelle personne.
Toutefois, Me Mario Delcy de son côté se montre très confiant en ce qui concerne l’aboutissement de cette enquête et déclare qu’ils [les avocats, ndr] ont le moyen de leur politique pour lutter jusqu’à son aboutissement. C’est bien le cri de tous ceux qui ont foulé le macadam.
Shelovenie Jean