Commentateurs politiques, hommes de lois, organisations de droits humains, leaders politiques, différents secteurs de la vie nationale montent au créneau pour fustiger le gouvernement haïtien depuis la publication du décret du 21 mai 2020, qualifié « d’inadapté, incohérent et d’objectifs inavoués« .
En effet, le directeur exécutif du Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH), Pierre Esperance, ne passe pas par quatre chemins. D’après lui, avec ce décret, « le gouverment est en train de mettre le pays en état de siège, pour satisfaire ses caprices politiques« .
Le défenseur de droits humains taxe le décret de « démagogique » du fait que « le pouvoir continue à risquer la vie des gens pour réaliser des cartes d’identification« . De plus, « aucune mesure drastique n’a été prise par pour réguler le transport en commun et les marchés publics. »
De son coté, Me. Monferrier Dorval, bâtonnier de l’Ordre des avocats du Barreau de Port-au-Prince, juge important que l’État prenne des dispositions pour protéger la population. Toutefois, il dénote certaines faiblesses particulièrement l’article 6, qu’il juge inapplicable.
Rappelons que l’article 6 de ce décret stipule que « tout rassemblement, réunion ou activité mettant en présence et de manière simultanée plus de cinq (5) personnes sont interdits sur le territoire de la République sous peine de trois mille (3,000.00) gourdes d’amende, de cinq (5) jours d’emprisonnement ou de quinze jours de travail d’intérêt général à déterminer par le Conseil municipal ».
Par ailleurs, l’homme de loi a fait savoir que les avocats du Barreau de Port-au-Prince se mettent disponibles pour des consultations à titre bénévole afin « d’aider le gouvernement à réaliser un meilleur document ».
Un décret contre les protestations
Dans les médias, des journalistes se positionnent également contre ce décret. En effet, Denel Sainton, journaliste de la Radio Télé Zénith FM, pense que plusieurs articles prouvent que le gouvernement ne manisfeste aucune volonté réelle pour protéger la population contre la pandémie du Coronavirus.
Au contraire, se croit-il, le pouvoir veut tout simplement se donner un outil légal pour museler l’opposition ou tout potentiel mouvement de protestation. « Le président et son équipe ne font que déplacer des pions à des fins purement politiques et éléctoralistes », a martelé le présentateur vedette de l’émission « Train Matinal ».
Michenel PIERRE