Depuis la découverte de la maladie à Coronavirus, COVID-19 en Chine, particulièrement dans la ville de Wuhan, la propagation s’est rapidement accélérée au point de toucher presque tous les pays du globe. Face à ce danger invisible, des géants des technologies numériques, de l’intelligence artificielle et de la science des données (data science, en anglais) ont déployé des efforts énormes afin d’offrir des solutions pouvant contribuer tant dans la lutte contre la propagation que dans le traitement du virus. Si jusqu’ici aucun traitement n’a été officiellement trouvé contre ce fléau mondial, l’usage de certaines technologies ont permis de limiter les dégâts dans certains endroits.
L’utilité des drones…
L’utilisation des objets volants sans pilote est l’un des moyens les plus sûrs et rapides dans la livraison des fournitures et équipements médicaux. Ça diminue considérablement le risque pour le personnel médical et présente un gain en termes de temps dans le transport entre les différents hôpitaux, centres de dépistage et centres de prise en charges des malades. Les drones représentent aussi un très bon moyen pour sensibiliser les gens sur les gestes barrières, pour désinfecter les espaces publiques et aussi pour faire respecter la quarantaine et/ou le confinement.
Si au début les drones ont été utilisés dans les mesures de prévention dans les pays comme la chine, la France, l’Espagne et l’Italie entre autres, des chercheurs de l’université d’Australie-Méridionale, conjointement avec l’entreprise canadienne Draganfly travaillent à développer un drone pandémique. Doté de capteurs et caméras couplés à un logiciel d’analyse d’images pour mesurer la température, le rythme cardiaque et respiratoire des personnes. L’appareil pourra même identifier les personnes qui éternuent et toussent.
Géolocalisation et traçages, une stratégie efficace
Si la traçabilité et la géolocalisation des personnes atteintes du COVID-19 font augmenter les craintes en termes de respect de la vie privée, elles ont prouvé leur efficacité dans la lutte pour contenir l’épidémie. Ces technologies permettent non seulement la diffusion des informations aux utilisateurs mais aussi de documenter leurs expositions à des foyers de contamination dans leurs déplacements. Les données fournies aux autorités par les opérateurs téléphoniques de plusieurs pays comme la France et la Chine ont permis de retracer le parcours du COVID-19 et aussi le déplacement des utilisateurs et les personnes avec qui ils ont eu un contact.
En Corée du sud, qui fait figure d’exemple dans la gestion de l’épidémie, les résultats des tests de dépistage ont été communiqués individuellement aux concernés via leur smartphone et les personnes contaminées sont retracées et leur présence est indiquée sur des applications de géolocalisation. Situation similaire à Taiwan qui retrace systématiquement toutes les personnes revenant d’un voyage à l’étranger ou avoir été en contact avec un malade. La position de ces personnes sont affichées en temps réel sur une carte et surveillées par les autorités.
L’intelligence artificielle (IA) pour aider dans l’identification et le diagnostic
L’utilisation de l’intelligence artificielle dans le suivi et la surveillance des maladies infectieuses a permis à des sociétés d’alerter les autorités sur l’existence et la propagation du coronavirus. De l’analyse des données provenant de sources diverses (médias, gouvernements, réseau sociaux…) l’intelligence artificielle permet de détecter des foyers de contaminations. Tel a été le cas avec la start-up BlueDot au Canada grâce à son algorithme qui analyse toutes les 15 minutes des centaines de milliers d’articles de presse, des rapports officiels, des données du trafic aérien et des forums professionnels dans 65 langues.
Avec sa capacité de traquer plus de 150 types de maladie et surveiller plus de 400 millions de smartphones, BlueDot a pu alerter ses clients, des agences gouvernementales, des compagnies aériennes ou des hôpitaux dès le 31 Décembre sur l’’existence du virus particulièrement sur un marché d’animaux à Wuhan.
Une autre entreprise mondiale, Dataminr, spécialisée dans la découverte d’informations en temps réel, avait attiré l’attention des autorités sur le lien entre les témoignages d’habitants de Wuhan sur les réseaux sociaux, des images de désinfection du marché aux poissons de la ville et un avertissement du médecin lanceur d’alerte.
Dans le diagnostic, plusieurs solutions basées sur l’IA ont été mises au point, comme c’est le cas avec le géant Chinois Alibaba permettant de diagnostiquer le virus en quelques secondes avec une précision de 96 %
La chine pour sa part a développé et utilisé une technologie appelé Code de santé qui utilise le big data permettant de générer automatiquement un code-barre sur le smartphone accessible via les applications Alipay et Wechat en fonction des déplacements et les antécédents de son utilisateur dans des foyers de contamination. Ce code QR aux couleurs rouge, jaune et vert indique le niveau de risque de contamination de la personne et les recommandations appropriées à suivre.
Des casques connectés, la reconnaissance faciale et aussi des logiciels de détection de température permettant de détecter les personnes avec une température assimilable à de la fièvre sont aussi utilisés pour limiter la propagation du virus.
Des robots à la rescousse
Se basant sur le fait que les robots ne soient pas sensibles au virus, leur usage pour accomplir certaines tâches a été rapidement envisagé par plusieurs entreprises afin de réduire les contacts entre humains. Aux USA, de plus en plus d’hôtels utilisent des robots pour le nettoyage des chambres et les espaces communs des établissements. Et un peu partout à travers le monde des robots sont installé en l’entrée des supermarchés afin non seulement de rappeler aux gens de se désinfecter les mains tout en leur offrant la liquide mais aussi pour la prise de température des clients et du personnel, la fièvre étant l’un des principaux symptômes du Covid-19.
Utilisé aussi dans la stérilisation, la livraison de nourriture et de médicaments, d’autres robots plus performants comme le robot UVD et le LightStrike sont présentés comme des robots qui recourent à la lumière ultraviolet pour tuer de manière autonome les bactéries, les virus et les moisissures, même microscopiques qui pourraient avoir survécu au nettoyage manuel.
La force des réseaux sociaux
Pendant la période de la pandémie de COVID-19, l’accès à Internet en général et l’utilisation des logiciels de visioconférence en particulier, a connu un gain d’importance. Le milieu médical est tout aussi concerné par cette situation car les médecins utilisent de plus en plus la télémédecine pour des consultations afin de limiter les contacts entre humains pour protéger professionnels et patients de la contagion et la nécessité d’utiliser le temps médical plus efficacement.
Par ailleurs, la téléconsultation a permis de surveiller des patients à domicile et de suivre l’évolution de la température, de la situation respiratoire et les voir grâce à la caméra. Et aussi, Les appels de télémédecine invoquant les principaux symptômes du coronavirus ont permis au personnel médical et aux autorités d’anticiper des nouveaux foyers de contamination en faisant le triage par zone de provenance.
En dehors du fait que les réseaux sociaux sont des canaux à haute diffusion de « fake news », leur utilité et leur force dans la lutte contre l’épidémie de coronavirus sont d’une importance capitale. Des efforts considérables ont été déployés par des sociétés comme Facebook, qui a modifié son algorithme mettant en avant les sites jugés plus fiables.
Selon un rapport interne cité par le Figaro, le trafic en provenance de Facebook pour des sites comme le New York Times, le Washington Post et le NBC News a été respectivement multiplié par 180% pour, de 120% pour ou de 160% comparé à la même période en 2019.
WhatsApp qui a annoncé la limitation de transfert de message à 1 seul le nombre de destinataire par envoi contre 5 en vigueur avant cette décision. Par cette mesure, la société souhaite décourager les utilisateurs dans le partage des messages, pour beaucoup assimilables à des fakes news.
Parallèlement, voulant utiliser cette force (les réseaux sociaux) pour fournir des informations et directives dans le cadre de la lutte contre la pandémie coronavirus, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a lancé un service d’information via WhatsApp (chatbot via le lien https://cutt.ly/dtBvIJg) en plusieurs langues. Mi-Mars l’organisation avait déjà utilisé des plateformes comme Facebook et Twitter pour lancer un hackathon dans le but d’inciter la mise au point des soutions numériques pour lutter contre la pandémie.
Les Etats sont de plus en plus intéressés à l’utilisation des solutions numériques de traçabilité et de géolocalisation dans la lutte pour limiter la propagation du Coronavirus, mais pour certains les législations et le cadre règlementaire du secteur leur font obstacle. Des instances de défense de la vie privé et la protection des données personnelles se montrent aussi perplexe quant à une éventuelle manipulation de la population par des autorités politiques. Pour cela il faudrait limiter l’exploitation de ces données uniquement à des fins médicales dans le cadre de la lutte contre le Coronavirus et s’assurer du respect des normes établies par les autorités.
En Europe, plusieurs pays envisagent de mettre un dispositif de traçage obligatoire pour tous en vue du déconfinement. Sur ce point, le commissaire européen au marché intérieur Thierry Breton est clair : ‘’pas question d’imposer l’utilisation d’une application aux habitants de la zone euro’’, rapporte LCI. L’utilisation doit être volontaire et les données doivent être utilisées uniquement par les services de santé. Pas d’accès aux autorités policières, judiciaires et commerciales, recommande-t -il
Ainsi de certaines technologies moins sophistiquées comme la caméra thermique à des solutions du haut de gamme se servant du big data et de l’intelligence artificielle, la révolution numérique continue à nous rappeler la nécessité d’adapter notre quotidien et à nous aligner à l’usage des outils technologiques disponibles.
Genel MILEROSE, MSc.
Information System Analyst