Au cœur de Port-au-Prince, plusieurs écoles, autant privées que publiques ont repris timidement les activités académiques depuis plus de deux semaines. Si dans certains quartiers les activités ont pu reprendre progressivement, pour la zone du Bel-Air, c’est tout à fait le contraire.
Bel-Air est définitivement une zone rouge de la capitale. Ce quartier demeure impénétrable dans la mesure où les barricades érigées, les montagnes d’immondices et la guerre des gangs qui fait rage, poussent les habitants à quitter en masse leur demeure. Cet espace, une expression typique de misère et de désespoir chronique, ne favorise en rien la reprise des cours dans cette zone.
En effet, presqu’aucune école au niveau de cette communauté n’a ouvert ses portes. Sauf l’école Jean-Marie Guilloux, et le lycée Alexandre Pétion – le plus ancien lycée de la capitale – situé entre la Rue Borgella et Montalais, ont fonctionné.
Des élèves et jeunes de Bel-Air s’inquiètent…
Malgré la situation accablante de la zone, des élèves en terminale au lycée Pétion affirment avoir repris les cours le lundi 09 décembre pour la première fois. Les cours ont d’abord repris avec les élèves qui vont subir les tests de baccalauréat, ensuite viennent le tour des autres classes.
Le lycée Alexandre Pétion qui fonctionnait en 2 vacations AM et PM est forcé d’accueillir les élèves de la vacation PM dans matinée. Plusieurs d’entre eux affirment être soulagés du fait de pouvoir reprendre les activités scolaires.
Toutefois, Des jeunes de Bel-Air rencontrés s’inquiètent sérieusement pour leur avenir et requièrent la prise en main des instances concernées. Carl Dimitri, élève de terminale, comme dans une supplication sollicite une chance. « Ayiti se mwen, Ayiti se nou, an’n bay jeune yo yon chans », a-il précisé. De son coté, Lovensky aussi en terminale, fait un appel aux autorités : « Otorité yo dwe aji ak konsyans epi moral paske si yo kote yo ye a jodi an, se gras ak lekol kidonk, bay jenès la yon chans pou’l avanse tou ».
A ce niveau, surgissent des questions qui pendent aux lèvres de tous. Les enfants de Bel-Air, n’ont-ils pas eux aussi le droit à l’éducation comme tout le monde ? La stabilité, la sécurité, la paix reviendront-ils un jour à Bel-Air ? Les habitants de ce quartier de Port-au-Prince, demandent ardemment autant une intervention divine qu’étatique. Ils s’impatientent que les activités, particulièrement l’école, puissent reprendre normalement et que la paix revienne dans cette zone.
Dieulaunnia ALEXIS, Journaliste indépendante