Pour maintenir intact l’aspect didactique de nos interventions, il nous faut préciser qu’assurer une transition – autant que changer un système – nécessite du temps, du recul, de l’obstination, du courage, de la détermination, de l’abnégation, de la patience, du sérieux, de l’empathie ; une parfaite cohésion, une communauté d’intérêts, de pensées et d’actions, en ce qui a trait à l’objectif à atteindre.
Du jour au lendemain,
Peut-on espérer d’un criminel ou d’un bandit qu’il décide de réintégrer ou de s’insérer dans la société, de mener une vie normale et régulière, de contenir sa soif d’horreur, de sang, de renoncer à la violence, par simple miracle ?
Peut-on espérer d’un contrebandier, traversé par un gentil remords de conscience, qu’il décide de payer régulièrement taxes et impôts, de ne plus corrompre agents douaniers ou fiscaux, de devenir citoyen exemplaire ?
Peut-on espérer d’un homme politique, habitué aux pires combines et compromissions, au détour d’un acte de foi démocratique, qu’il décide de s’abstenir de recourir aux fraudes et violences pour conquérir le pouvoir ?
Peut-on espérer d’une victime séculaire, sur simple motif de son éternel silence, qu’il décide, à Noël ou à Pâques, d’embrasser son bourreau sans l’étrangler, de ne plus penser à se venger ou de ne pas nourrir le temps d’être bourreau, à son tour ?
Même dans les communautés les plus tolérantes qui croient en la bonté, en la perfectibilité des humains, il est prévu tout un rituel, tout un parcours expiatoire, pour libérer les fidèles de leurs démons intérieurs, pour les conduire vers la rémission de leurs péchés, pour les amener au pardon des offenses !
Le Rassemblement des Démocrates, Nationaux, Progressistes (RDNP), par conviction doctrinale et idéologique, dans sa sincérité politique, se refuse à escamoter les vrais sujets et débats ; ce qui serait, en fait, l’hypothèque de la résolution définitive des vrais problèmes qui ont causé et causent les malheurs du pays. En référence à notre foi de démocrates-chrétiens, à l’expérience des luttes historiques nationales et internationales, nous avons la conviction ferme et inébranlable qu’aucune société ne peut faire du neuf avec du vieux, sans qu’elle ne passe, au préalable, par un processus cathartique, au sens aristotélicien du terme. Savoir l’adoption de mesures et méthodes qui agissent comme des purgatifs puissants, qui libèrent des éléments considérés comme impurs, qui liquident les sentiments longtemps refoulés dans le subconscient et responsables d’un traumatisme psychique. Il faut bien refaire les mentalités pour prétendre réformer les structures.
Pour parler le langage politique, clair, intelligible et sincère, qu’on nous connaît, nous produisons nos réflexions et observations, encore et toujours, sur cette profonde et impérieuse nécessité d’assurer « une dernière transition », donc, de «changer de système». Processus clamé comme un slogan, sans que certains acteurs ne prennent garde de toutes ses implications, de toutes ses exigences, de toutes ses étapes – nécessaires, donc, obligatoires – à franchir. Pour maintenir intact l’aspect didactique de nos interventions, il nous faut préciser qu’assurer une transition – autant que changer un système – nécessite du temps, du recul, de l’obstination, du courage, de la détermination, de l’abnégation, de la patience, du sérieux, de l’empathie ; une parfaite cohésion, une communauté d’intérêts, de pensées et d’actions, en ce qui a trait à l’objectif à atteindre.
Comme il a été question pour nos Pères africains, réduits en esclavage, de mettre leurs forces en commun pour changer le système mondial d’exploitation de l’homme noir par l’Occident chrétien. Telle prouesse ne saurait s’accommoder d’un simple changement de personnel ou de clientèle politique. Ne saurait souffrir de malentendus, de quiproquos, de demi-vérités ou de déni de vérité… La seule et grande vérité est que ce projet est mort-né, en raison de l’assassinat crapuleux du Père de l’Indépendance, l’Empereur Jean Jacques Dessalines. Ce drame de Pont-Rouge retenu, jusqu’à date, comme le drame national, le péché mortel, qui réclame connaissance de la vérité, rémission, confession, expiation… Justice et réparation, pardon et réconciliation !
Parlant de vérité, l’Afrique du Sud n’a pu parvenir à un allègement très substantiel du système d’apartheid, à l’établissement d’une société tournée vers la démocratie que grâce à l’abnégation, au don et dépassement de soi de son leader charismatique et emblématique, Nelson Mandela, et à une méthode cathartique trouvant, entre autres, son expression dans la tenue d’une commission-Vérité. Le Wanda de Paul Kagamé – qui sert d’exemple de pays ayant changé de système, de modèle de société ayant trouvé la voie de la démocratisation, de la modernité, après le génocide résultant de l’exacerbation d’un vil conflit ethnique par radio Mille Collines – a su fédérer Hutus et Tutsis, après plus de huit-cent mille morts, en 1994…
La « dernière transition » ne doit pas appeler ceux qui, soudainement, feignent de faire acte de foi démocratique mais ceux qui se reconnaissent criminels, bandits, contrebandiers, adeptes de la violence, prédateurs des libertés, jouisseurs exclusifs des droits et privilèges de tous, bourreaux actifs, repentis, et victimes passives, enfin décidées, pour qu’ils changent de vie, de mentalité, dans cette grande perspective de « changer le système ».
Démocrates, patriotes, progressistes, citoyennes, citoyens de bon commerce, souvent tièdes ou victimes passives :
Met men, pran desten nou an men.
Ensemble, ensemble, ensemble, jusqu’à la victoire finale.
Eric Jean Baptiste Secrétaire Général , RDNP