Les médecins résidents du centre hospitalier Isaïe Jeanty dénoncent avec vigueur les tentatives de fermeture de ce centre. Dans une note de presse, ces derniers accusent les responsables du Ministère de la Santé Publique, particulièrement les docteurs Larsen, Laure et Roy, d’échafauder un plan pour éteindre à petit feu, le plus grand hôpital de maternité du pays.
Le centre Isaïe Jeanty (Chancerelles) est en mauvaise posture. Contacté par haititweets.com, le docteur Jose François, nous fait un panorama de la situation. En fait, le centre qui offre ses services à la population depuis plus de 70 ans est un hôpital universitaire, qui semble ne plus faire partie de l’agenda du Ministère de la Santé Publique et de la Population (MSPP), croient les médecins résidents.
Et pour cause, chaque année, la Faculté de Médecine et de Pharmacie (FMP) et le MSPP organisent un concours pour sélectionner des médecins, parmi ceux intéressés par la spécialité obstétrique-gynécologique pour une formation de 3 ans, coiffés par des médecins de services, nous a appris Dr. François.
A l’issue de ce concours, chaque médecin retenu aura à choisir un hôpital parmi les 4 hôpitaux universitaires œuvrant dans le champ de la maternité, à savoir l’hôpital Justinien (Cap-Haïtien), l’hôpital la paix (Delmas), l’hôpital de l’Université d’État d’Haïti (Port-au-prince), et l’hôpital Isaïe Jeanty (Cité Soleil), poursuit-il.
Cette année, il y a une anomalie.
Le centre hospitalier n’est plus au centre des préoccupations…
Cette année, dans la liste de choix des postes du MSPP, « le centre hospitalier Isaïe Jeanty a été exclu », nous confirme Dr. François. Les résidents ont compris le geste du Ministère comme l’entame d’un processus de fermeture du plus grand hôpital de maternité du pays.
« Sous aucun prétexte, le ministère n’a le droit de suspendre les services de l’hôpital Isaïe Jeanty, qui d’ailleurs est un patrimoine pour la population, particulièrement pour la masse des plus défavorisés », confie Dr. François. « Il est de la responsabilité de l’État de rétablir l’ordre dans la zone », a-t-il assené.
Les résidents qui n’acceptent pas ce qu’ils appellent, « une décision unilatérale, […] ne comptent pas baisser les bras », soutient-il.
… et ce n’est pas tout !
Parallèlement, les résidents réclament des mesures de sécurité dans le centre, un service ambulancier et un autobus assurant le transport du personnel de l’hôpital.
« Ce n’est pas fermer un hôpital ou déménager une institution étatique qui va résoudre le problème de l’insécurité, mais l’État doit prendre des mesures adéquates pour améliorer les conditions de vie de la population » conclut le médecin résident.
D’une capacité de 80 lits, la maternité Isaïe Jeanty reçoit journellement plusieurs malades et réalise en temps normal 30 accouchements, 10 césariennes et autres cas tels que la myomectomie (ablation de fibromes) et hystérectomie (ablation de l’utérus). Ces femmes qui fréquentent le centre, sont pour la plupart issues de la classe la plus défavorisée du pays.
Maudeline CHÉRILUS