Le Président Jovenel Moise n’a pas été à Vertières, ce 18 novembre. René Préval n’a jamais été. Michel Martelly et Jovenel Moise une fois chacun, et Jocelerme Privert n’a pas été. « Est-ce que ça dérange ? », doit-on se demander.
René Préval ne s’est jamais rendu à Vertières, de 2006 à 2010. A chaque fois, une gerbe de fleurs a été déposée devant l’Autel de la Patrie, au Champ-de-Mars. Si l’argumentaire privilégié était la présence de la force onusienne sur le territoire, l’histoire retient qu’à 3 reprises, il a été interdit de se rendre à Vertières. Violences obligent.
Son successeur, Michel Joseph Martelly, n’a été qu’en 2013 seulement. D’ailleurs, en 2012 il avait semble-t-il d’autres priorités et s’était absenté du pays, ainsi que son premier Ministre Laurent Salvador Lamothe. Des ministres du gouvernement ont seulement déposé une gerbe de fleurs au musée du panthéon national (MUPANAH). Après tout, c’est ce que le patron du PHTK a fait en 2011, en 2014 et en 2015, pour rester à l’écart des protestations violentes.
Pour l’année de transition de Jocelerme Privert, la bataille de Vertières était aussi célébrée au MUPANAH. Une offrande florale au Musée du Panthéon National (MUPANAH) a été faite, pour honorer les héros de la Patrie, en présence de plusieurs membres du gouvernement et des représentants du Corps diplomatique et consulaire.
Quant à Jovenel Moise, il a été à Vertières en 2017. C’était l’occasion des premières parades des militaires de l’Armée remobilisée, aux pieds des héros de l’indépendance. En 2018 tout comme en 2019, il a préféré offrir des fleurs aux pères fondateurs, à MUPANAH. On convient que les menaces de violences étaient grandes, dans le cadre des troubles politiques actuels.
Au final, depuis près de quinze ans, nos chefs d’État se passent de Vertières. De 2006 à 2019, la Bataille de Vertières a été commémorée que deux fois au Cap-Haitien. 2013, avec Michel Martelly et 2017 avec Jovenel Moise. Quand ce n’est pas la présence des casques bleus qui justifient une commémoration à minima, ce sont les violences politiques qui ont dissuadé les chefs d’État à se rendre sur les lieux de cette épopée fondatrice. MUPANAH, le mausolée des pères de la Patrie, prend naturellement le relais.
Pour plus d’un, cette substitution tombe bien. Mais pour d’autres, cela dérange aussi ; sachant que la mémoire se nourrit fortement de l’espace. Et quand les politiques symboliques s’amenuisent et n’impliquent pas la population, la mémoire collective qui fait grandir ensemble, se détruit… et la Nation aussi. N’est-ce pas ?
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