Le monde est en ébullition par des manifestations populaires depuis le début de l’année. Le mois d’octobre a atteint son apogée de protestations et de violences partout dans le monde.
On compte d’innombrables pays protestateurs tels que Haïti, Chili, Inde, Liban, Guinée et tant d’autres. La liste est longue et les dommages collatéraux nombreux. Voici la liste des pays touchés par ce phénomène, les élements déclencheurs et les conséquences enregistrées.
Haïti
Tout a commencé le 6 juillet 2018 quand le gouvernement a décidé d’augmenter le prix du carburant. Le peuple s’est rebellé violemment partout dans le pays et le gouvernement s’est rétracté sur sa décision. Etait-ce fini? Cela venait de commencer!
Le mouvement « kot kòb petwo karibe a? » lancé le 14 Août par le petro challengeur Gilbert Mirambeau fut l’élément déclencheur de cette protestation. On peut dire que cela a ouvert les yeux de certains, qui n’ont pas tardé à rejoindre le mouvement.
Le peuple n’ayant pas accès aux services sociaux de base continuait a réclamer des changements pour leur survie. Tout partait en vrille, le taux du dollars américain ne céssait d’augmenter, le pouvoir d’achat de la majorité des haïtiens diminuait à vue d’oeil et les soins de santé étaient quasiment inexistant.
Où en est-on ? Le peuple n’ayant pas trouvé de réponse satisfaisante du gouvernement, se manifeste jusqu’à présent. Les écoles sont fermées depuis le mois de juin, les routes reliant plusieurs départements du pays sont impraticables, l’insécurité devient palpable et certaines personnes crèvent dans la famine. Le président contrairement à la demande du peuple reste ferme sur sa décision, il ne démissionnera pas!
Bilan de perte Plusieurs centaines de morts, des milliers de blessés , une centaine de commerces pillés et brulés et des centaines de voitures incendiées
Chili
Au Chili, l’étincelle a été l’augmentation des tarifs de métro depuis le 18 octobre.
Où en est-on? Malgré la suspension de la hausse suivie de mesures sociales proposées par le président conservateur Sebastian Piñera, la contestation face aux conditions socio-économiques et aux inégalités s’est amplifiée et étendue à d’autres régions. Une grève générale a commencé le 23 octobre.
Bilan de perte? 18 morts et des dizaines de commerces pillés
Liban
Liban, c’était une taxe sur les appels WhatsApp et les protestations ont commencé depuis le 17 octobre
Où en est-on? Le gouvernement de Saad Hariri a rapidement annulé la mesure et annoncé des réformes économiques d’urgence. Mais le mouvement de contestation, réclamant le départ de l’ensemble de la classe politique, continue de grandir du nord au sud du pays, provoquant sa quasi-paralysie.
Bilan de perte? Manifestations pacifiques, émaillées de quelques heurts.
Guinée
Le projet prêté au président sortant Alpha Condé, 81 ans, de briguer sa propre succession en 2020 et de changer à cette fin la Constitution. Cela a débuté le 7 octobre.
Où en est-on? Les manifestations rassemblant des milliers de Guinéens se succèdent à l’appel du Front national pour la défense de la constitution (FNDC), coalition de partis d’opposition, de syndicats et de membres de la société civile.
Bilan de perte? Une dizaine de morts.
Équateur
La hausse du prix des carburants le 1er octobre
Où en est-on? Après 12 jours de manifestations, un accord a été conclu entre le mouvement indigène, fer de lance de la contestation, et le président Lenin Moreno, qui a retiré le décret controversé.
Bilan de perte? Huit morts et 1340 blessés.
Irak
Des appels spontanés du peuple sur les réseaux sociaux pour réclamer du travail et des services publics fonctionnels depuis le 1er octobre.
Où en est-on? Après une semaine de contestation violemment réprimée, le gouvernement a annoncé des mesures sociales, mais aucune réforme en profondeur. La rue veut, elle, une nouvelle Constitution et un renouvellement total de la classe politique. Vendredi, la contestation a repris, avec une nouvelle flambée de violences, attisée par le leader chiite Moqtada Sadr.
Bilan de perte? Plus de 150 morts la première semaine. Plus de 40 morts pour la seule journée de vendredi.
La cause de cette ébullition populaire
La fureur populaire s’est répandue dans le monde entier au cours de ces dernières semaines, alors que des citoyens frustrés envahissaient les rues pour faire face à des manifestations inattendues. Ce qui a suscité une vive frustration chez une classe d’élites politiques considérées comme irrémédiablement corrompues ou désespérément injustes, voire les deux.
Ils ont suivi des manifestations de masse en Bolivie, en Catalogne ,en Inde et en Russie, et avant cela en France, en République tchèque, en Algérie, au Soudan et au Kazakhstan, dans une période de troubles depuis des mois.
À première vue, bon nombre des manifestations étaient liées par un peu plus que par des tactiques. Des semaines de désobéissance civile incessante à Hong Kong ont servi de modèle à une approche conflictuelle fondée sur des exigences économiques ou politiques extrêmement différentes.
Pourtant, dans de nombreux pays réticents, les experts discernent un schéma: un hurlement plus fort que d’habitude contre les élites dans les pays où la démocratie est une source de déception, la corruption est perçue comme une menace, et une petite classe politique vit grand alors que la jeune génération lutte se débrouiller.
Vanessa Apollon