« Grenadye alaso, sa ki mouri nap vanje yo » dit le Sénateur Evalière Beauplan. Des propos glaçants, pour annoncer les manifestations du 11 Octobre 2019.
A l’assaut de la résidence du Président de la République, Jovenel Moïse, est le mot d’ordre pour les manifestations prévues ce 11 octobre. Les manifestants viendront de partout à Pétion-Ville (Place Saint Pierre), en attente de la lettre de démission du Président.
Ce dernier aura deux heures pour « apporter sa démission ». Sinon, « grenadye alaso, sa ki mouri nap vanje yo/ Grenadiers à l’assaut; ceux qui sont morts seront vengés » a déclaré le Sénateur du Nord-Ouest.
La révolution a besoin de morts
Selon l’artiste, écrivaine et philosophe française, Simone Weil; la révolution est « un mot par lequel on tue, pour lequel on meurt, pour lequel on envoie les masses populaires à la mort… ».
Il est vrai que « dire le mot » et « pratiquer le mot » se situent à des millions de mètres l’un de l’autre. Toutefois, pour plus d’un, le Sénateur fait bien une déclaration de guerre, pour avoir paraphrasé une expression accordée au révolutionnaire haïtien Capois-La-Mort. Mais la guerre contre qui?
D’abord contre le secteur des affaires, la communauté internationale et les citoyens qui supportent Jovenel Moïse et enfin Jovenel Moïse lui-même qui n’est pas prêt à démissionner privilégiant le dialogue. Que peut-il bien se passer, quand le Sénateur invite donc ses partisans à aller chercher la lettre de démission chez le Président?
…. des morts et des blessés !
Pour atteindre l’objectif, il va falloir d’abord attaquer les forces de l’ordre, les gardiens de la paix. La police, dans sa mission de protéger et servir, ne permettra aucun assaut contre la résidence du Président, ni contre les représentations internationales, le secteur des Affaires, les PHTKistes et sympathisants, et non plus contre aucun citoyen.
La guerre ne sera-t-elle pas d’abord contre ceux – les policiers – dont ils auront besoin tôt ou tard ? Dans l’entêtement des partisans du sénateur, il se pourrait qu’il y ait des morts des deux côtés. On ne pourra pas toujours compter sur les efforts de professionnalisme de la Police face à des manifestants souvent armés.
Cette situation mettra certainement de l’huile au moteur des organismes des droits humains, qui auront à pleurer, avec raison, des morts et des blessés sans raison. N’est-ce pas ce qu’il faut pour la révolution?
Toutefois, retenez que pour venger, il faut être vivant. Et dans ce contexte, il n’est pas sûr que les leaders soient prêts à mourir… n’est-ce pas ? Vers le champs de guerre, les heures crépitent et Haïti risque gros…
H. Christophe