L’entrepreneur Jovenel Moise, devenu Président de la République en 2017, est en mauvaise posture. Suite à ce 2ème rapport de la Cour Supérieure des Comptes et du Contentieux Administratif (CSC/CA), il semble qu’il va devoir demander des comptes à des centaines d’entreprises soupçonnées de corruption, mais aussi à ses propres entreprises impliquées dans ce vaste « stratagème de détournements de fonds » selon les termes du tribunal administratif.
Port-au-Prince, le 31 Mai 2019 (haititweets.com).- La Cour Supérieure des Comptes et du Contentieux Administratif (CSC/CA), vient de soumettre au Sénat son deuxième rapport relatif à la gestion des fonds Petrocaribe. Dans ce rapport de 612 pages, Jovenel Moise est accusé d’être au centre d’un habile artifice de « détournement de fonds ».
Alors qu’il était entrepreneur en 2014, le Ministère des Travaux Publics et de la Communication (MTPC) a signé deux contrats, l’un avec Agritrans (son entreprise connue) et l’autre avec Betexs représenté par son president Martel Webert Pierre « pour les mêmes ouvrages aux mêmes dates ».
En outre, ces deux entreprises s’attribuent « le même numéro d’immatriculation fiscale, le même numéro d’agrément, le même numéro de patente et le même personnel », ont fait remarquer les juges.
Ce tronçon routier pour lequel 33 millions de gourdes ont été décaissés, les juges constatent que son état « suscite des questionnements et démontre qu’il y a un décalage énorme entre les sommes dépensées et la réalité des travaux qui auraient été effectués » suite à leur visite de terrain.
…. Il y a autre chose !
La Cour Supérieure des Comptes et du Contentieux Administratif (CSC/CA) révèle par ailleurs « qu’il y a eu collusion, favoritisme et détournement de fonds » dans le cas de Agritrans. En fait l’entreprise a obtenu un autre contrat en 2015, malgré l’avis défavorable de la Cour.
Les juges de l’époque avaient établi une violation des lois de passation de marché public. D’ailleurs Agritrans avait reçu une avance de fonds près de deux mois avant la signature du contrat.
….. Et la suite ?
Le rapport est aujourd’hui au niveau du Sénat qui devra le transférer aux autorités judiciaires, moyennant la sanction de l’Assemblée des Sénateurs. Les yeux sont grands ouverts et bien rivés sur l’Assemblée dite des sages, vandalisée par les quatre sénateurs de l’opposition pour empêcher la ratification de la déclaration Politique générale du Premier Ministre Lapin.
En attendant le fonctionnement de la chambre haute, selon la loi de 2014 portant « prévention et répression de la corruption », il s’agira à l’entrepreneur Jovenel Moise de démontrer le contraire de ce qui lui a été reproché. Tout porte à croire qu’il n’en sortira pas indemne, en plus qu’il est maintenant Président, même si la justice lui donnerait raison. Il est bien entre l’enclume de la morale et le marteau de la justice. Cette dernière déterminera l’ampleur de la frappe.