La police espagnole a annoncé mercredi enquêter sur le suicide d’une jeune femme après la diffusion d’une vidéo à caractère sexuel qui aurait été vue par des centaines de ses collègues au sein d’une usine de camions Iveco.
«Une femme s’est suicidée le 25 mai chez elle, la police nationale d’Alcala de Henares, près de Madrid, enquête pour vérifier si un délit contre son intimité et son honneur a été commis», a indiqué à l’AFP un porte-parole de la police.
Selon différents médias espagnols, une vidéo intime tournée il y a cinq ans dans laquelle apparaissait la jeune femme de 32 ans avait récemment été diffusée sur WhatsApp et vue par une grande part des 2500 employés de l’usine Iveco de San Fernando de Henares, près de Madrid, où elle travaillait.
Les enquêteurs «le vérifieront par des moyens informatiques et verront s’il y a une responsabilité des personnes qui l’ont diffusée», a ajouté le porte-parole de la police.
«Il y avait des regards, des gens qui allaient la voir à son poste de travail pour savoir qui était la collègue (apparaissant sur la vidéo), elle a souffert d’une grande pression», a déclaré à la chaîne La Sexta Ivan Cancho, l’un de ses collègues, membre du syndicat CGT, lors d’un rassemblement de salariés mardi.
Selon la presse, la jeune femme était mariée et mère de deux jeunes enfants.L’entreprise Iveco à Madrid n’a pu être jointe mercredi par l’AFP.
Dans un communiqué, le comité d’entreprise a évoqué «la douleur et la consternation» des salariés et dénoncé «l’usage irresponsable des réseaux sociaux qui a des conséquences tragiques».
«Dans ce cas, les responsabilités sont partagées et devront être établies», a écrit le CE.
Le syndicat Commissions ouvrières (CCOO), auquel la jeune femme était affiliée, considère que les faits relèvent du harcèlement sexuel et a annoncé qu’il porterait plainte devant l’inspection du travail pour dénoncer «l’inaction de l’entreprise».
«L’entreprise, qui depuis le 23 mai savait que la femme était harcelée par un collègue n’a rien fait pour l’éviter», a accusé le syndicat dans un communiqué.
Le Code pénal espagnol prévoit une peine de trois mois à un an de prison en cas de diffusion d’enregistrements audiovisuels d’une personne sans son autorisation, «quand cette divulgation porte gravement atteinte à l’intimité de cette personne».
Avec AFP