Le dimanche 05 mai 2019, avec la plus grande consternation, les parents et amis de Jean Jeancius et Florelus Evelt ont constaté leur lynchage sur une page facebook sous le nom de « Allo La Police d’haiti ». En effet, avec la publication de leur photo, on les avait fait passer pour des bandits qui opéraient dans le gang de « Ti je » à Carrefour-Feuilles et qui cherchaient à prendre la fuite vers la République dominicaine après la mort de leur chef.
En caption de la publication en date du dimanche 05, à 8:44 am, on pouvait tristement lire « La polis arete 2 bandi nan gang Ti Je yo sou fwontyè, youn nan yo ki t ap kontwole pil kòb la. Nèg ti monnen an epi yo di se moun sen mak. Mande yo wout sen mak yo pa konnen ».
Jadis, il y avait une vidéo circulant sur les réseaux sociaux où plusieurs individus étaient en train de contrôler leur liasse de billets. Sans aucune vérification, les policiers ont estimé que l’un de ces jeunes faisait partie de la vidéo. De ce fait on les a offerts comme butin à la société.
Qu’en est-il exactement ?
Ces deux jeunes habitent dans la ville des Gonaïves. Ils vendent des produits artisanaux. Le samedi 04 mai, ils ont laissé leur demeure pour participer à un mariage à Ouanaminthe, commune limitrophe avec la République dominicaine. Leur péché ! Ils avaient oublié de se faire accompagner de leur pièce d’identité.
Après le mariage, ils prennent le chemin pour rentrer chez eux. Profitant de prendre quelques photos avec leur smartphone à la frontière, les policiers frontaliers sont arrivés et ont procédé à leur arrestation. Et, la police administrative leur a donné un peu de temps pour contacter leur famille afin d’apporter les pièces d’identité. Ce qui fut fait en dimanche.
Pourtant pendant que ces démarches ont été en train de réaliser, leur photo a été déjà sur les réseaux sociaux comme bandits où certains internautes réclament déjà leur tête. « Pa mete yo nan prizon. Kraze tèt yo » a réagi un internaute. Pire, la photo qui a été dans le dossier au commissariat c’est bien la même qui a été publiée sur la page facebook « Allo La Police d’haiti ».
La justice a procédé à une enquête de proximité
A cause de la gravité du dossier que les policiers ont collé à ces jeunes les instances judiciaires ont procédé à une enquête de proximité. Le résultat révèle qu’ils n’avaient eu aucun rapport avec l’ancien chef de gang « Tije », abattu par la police en date du 29 avril 2019.
Ce mardi 14 mai, soit 10 jours après l’arrestation, on a procédé à leur libération. Sans aucune preuve, les policiers ont facilement plaqué un dossier de gang à ces jeunes. Ceci laisse présager que ça pourrait être beaucoup plus grave.
La Direction Générale de la Police Nationale d’Haïti doit-elle prendre des mesures afin d’éviter que ces formes de lynchage ne se reproduisent dans la société. Est-ce qu’il s’agit d’une fausse page facebook sous le nom de la police nationale d’Haïti ?
Quoiqu’il en soit, dans un État de droit, il revient seulement à la justice de déterminer si une personne est coupable ou non. Toute autre instance qui agit différemment participe à la violation flagrante du droit de la personne.
Maudelin Gedney