Représentant près d’un quart de la population américaine, les athées et agnostiques vont bientôt surpasser les évangéliques. Un tournant majeur. Par Thomas Mahler
Il va falloir réviser quelques clichés sur une Amérique peuplée de fous de Dieu : 2019 pourrait être aux États-Unis l’année historique où les « sans religion » s’imposent comme le premier groupe en termes de croyances. Un tournant majeur, mais qui ne fera sans doute pas la une des journaux, toujours plus prompts à mettre en avant les phénomènes religieux.
Les statisticiens et démographes, comme ceux du Pew Research Center, ont l’habitude de distinguer les chrétiens en les classant entre protestants évangéliques, protestants traditionnels, protestants noirs et catholiques, du fait des grandes différences sociales entre ces catégories. Les athées, les agnostiques et ceux sans affiliation religieuse sont, eux, réunis sous le label « nones », ou « sans religion ».
Ces « nones » représentent près d’un quart de la population américaine. Selon les enquêtes de la General Social Survey, ils étaient 22 % en 2016, soit environ 55 millions d’Américains adultes. La hausse est fulgurante quand on sait que leur part ne s’élevait qu’à 15 % en 1998, et à 8 % en 1990.
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Ces « nones » sont déjà bien plus importants que les protestants traditionnels (méthodistes, luthériens, presbytériens…), un groupe en plein déclin qui en 2016 ne représentait plus que 10,2 % de la population. Les « sans religion » sont aussi passés devant les catholiques (23 % en 2016), une confession touchée par les scandales de pédophilie, mais dont l’érosion est contenue par l’immigration hispanophone.
Et en 2019, les « nones » pourraient bien surpasser en nombre les évangéliques, aux alentours de 25 % selon les dernières estimations, mais eux aussi en baisse depuis un pic dans les années 1990 (à hauteur de 30 %). La Convention baptiste du Sud (un important regroupement d’églises évangéliques) a ainsi perdu plus d’un million de membres depuis une décennie.
Les États-Unis sont la nation la plus religieuse du monde occidental. Mais cela n’a pas empêché le même phénomène de sécularisation qu’ailleurs. « Contrairement à ce qu’on imagine, il y a une convergence entre les États-Unis et l’Europe, c’est-à-dire un déclin des religions établies, surtout classiques -. Lisez la suite sur LePoint
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