Fabienne Cinéus de nationalité haïtienne a reçu le prix « Je ne lâche pas, je gagne » de la Fondation pour l’alphabétisation et la Fondation Desjardins pour sa détermination. Cette édition 2018, a été organisée pour rendre hommage à la persévérance et à la détermination des femmes et des hommes d’exception.
Ce prix est une bourse de 1500 $ accordé par ces deux Fondations depuis maintenant 8 ans à des adultes qui ont mené avec succès une démarche d’alphabétisation ou de formation de base visant à améliorer leurs conditions de vie.
Cette année, Fabienne était parmi les 7 gagnants du prix « Je ne lâche pas, je gagne ». Cet événement a eu lieu à l’auditorium de la Bibliothèque et Archives nationales du Québec en présence de nombreux acteurs du milieu de l’éducation.
La vie à propos de fabienne Cinéus
Fabienne Cinéus, âgée de 25 ans, est née à Port-au-Prince. Elle a deux enfants et vit actuellement dans un appartement de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve, dans l’est de Montréal. Elle avait laissé Haïti en 2013 avec son fils Jamesley, qui avait alors trois ans.
Le père de son premier fils est mort pendant le séisme de 2010. «C’est sûr que je pense encore à ce que j’ai vécu là-bas» affirme-t-elle. «Mais au moins tout le monde mange, tout le monde est propre. Et je peux avancer, je peux aller loin dans la vie» assure-elle.
«Quand j’ai reçu ça, j’étais fière de moi. Je suis fière de ma vie», raconte Mme Cinéus. Elle poursuit pour dire que « mes parents m’ont toujours dit : “L’avenir se prépare à l’école”. Dès que je suis arrivée, je me suis dit : il faut que j’aille à l’école.»
Fabienne est une orpheline qui a connu la domesticité en Haïti après la mort de ses parents. Elle avait 10 ans quand ils sont morts. A 17 ans, elle était tombée enceinte de son premier enfant. Elle a vécu dans la misère et la domesticité. «Tu n’as pas de sandales, tu n’as rien du tout à mettre sur toi»,
Un rêve qui va se réaliser
Elle a terminé son secondaire au Centre d’éducation pour adultes Tétreaultville cette année d’où elle avait commencé à étudier en 2016, tout en étant mère de deux enfants. Maintenant, elle rêve de devenir infirmière. «J’ai le goût de travailler, je peux faire tout ce que je veux […] Et je veux éviter que mes enfants vivent la même chose que moi», déclare la vaillante Fabienne. Elle avoue avoir trouvé une sorte de famille au centre d’éducation pour adultes. «C’est grâce à eux que je suis la personne que je suis présentement».
Cet hiver Fabienne va commencer sa première session au cégep. Elle veut devenir infirmière, car elle adore être en compagnie des gens, avoue t-elle.
«Maman, je suis fier de toi», lui chuchote son fils, pour comble de bonheur.
Jean Eugene Jacques