« La seule façon de garantir des soins de santé à tous, partout dans le monde, est de changer fondamentalement le système pour que les gouvernements et les citoyens exigent davantage d’investissements dans la santé. » Jim Yong Kim, Président du Groupe de la Banque mondiale
Il n’y a pas de solution miracle ou de voie unique pour instaurer la couverture sanitaire universelle d’ici 2030. Toutefois, 5 moyens essentiels sont envisagés par la banque mondiale en vue d’accélérer les progrès…
1. Davantage d’argent pour la santé et davantage de santé pour cet argent
Le secteur de la santé souffre d’un sous-investissement dramatique. À l’échelle mondiale, le coût des services de santé essentiels est estimé à environ 90 dollars par personne et par an (a). Or en 2015, 71 pays ont investi moins que ce montant dans la santé de leurs citoyens et 41 pays totalisant 2,6 millions d’habitants ont dépensé moins de 25 dollars par personne.
Par ailleurs, les pays doivent améliorer l’efficacité de leurs investissements dans le secteur de la santé pour garantir qu’ils permettent d’obtenir les meilleurs résultats possibles. Tandis que les ressources domestiques constituent la grande majorité des investissements dans la santé au niveau national, l’aide au développement et d’autres partenariats mondiaux peuvent jouer un rôle complémentaire et catalyseur.
2. Priorité à la qualité des soins
Des services de santé accessibles et abordables ne suffisent pas : il faut aussi que les soins soient de grande qualité. Trois publications récentes, dont un rapport conjoint du Groupe de la Banque mondiale, de l’OMS et de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), démontrent que la qualité médiocre des services sanitaires freine l’amélioration de la santé des populations, quel que soit le niveau de revenu des pays.
Ainsi, le risque de contracter une infection pendant une hospitalisation concerne 10 % des patients dans les pays à revenu faible et intermédiaire, et 7 % des patients dans les pays à revenu élevé. Il convient cependant de souligner que la qualité des soins a progressé dans certains domaines, par exemple en ce qui concerne les taux de survie après un cancer ou une maladie cardiovasculaire.
3. Protéger toutes les populations des pandémies
La fréquence et la diversité des flambées épidémiques n’ont cessé d’augmenter au cours des 30 dernières années. Les épidémies peuvent frapper n’importe où, mais c’est souvent là où les systèmes de santé sont les moins efficaces et non accessibles à certaines populations que les maladies se propagent de façon incontrôlée.
Pourtant, nous pourrions tous être protégés des pandémies si chaque personne pouvait bénéficier des services de santé, et c’est là tout l’enjeu de la couverture sanitaire universelle. […].
4. Miser sur l’innovation
À elles seules, les méthodes traditionnelles ne réussiront pas à assurer la couverture sanitaire universelle d’ici 2030. Les pays qui ont progressé dans ce domaine ont fait preuve d’inventivité pour transformer leurs systèmes de santé. Un rapport du Groupe de la Banque mondiale intitulé Business Unusual (a) décrit comment ces pays ont fait de grands pas en avant en sortant des sentiers battus.
Ainsi, le Rwanda a mis sur pied un partenariat innovant avec le secteur privé qui lui permet notamment de réduire les délais de livraison des lots de sang en utilisant des drones (a). En Afghanistan (a), malgré l’insécurité ambiante, la santé et la nutrition des mères et des enfants se sont nettement améliorées grâce à des contrats conclus avec des ONG locales qui assurent des services de santé de base.
Des stratégies de financement originales ont aidé le gouvernement turc à transformer son secteur de la santé (a). Enfin, le Mécanisme de financement mondial (GFF), une plateforme de financement novatrice centrée sur les pays, est aujourd’hui actif dans 27 pays et ses fonds permettent de démultiplier les investissements dans la santé et la nutrition des femmes et des enfants.
5. Se mobiliser pour agir ensemble
Pour que la couverture sanitaire universelle soit une réalité en 2030, il faut donner aux populations et à la société civile les moyens de participer activement à cette dynamique et de demander des comptes à leurs gouvernements sur la qualité, l’accessibilité et le coût des soins de santé.
Les citoyens devraient être informés de ce qu’ils sont en droit d’attendre de leurs systèmes de santé, être associés à la définition de services sanitaires répondant à leurs besoins et être en mesure d’en vérifier le fonctionnement afin de pouvoir réclamer des changements quand les prestations ne sont pas à la hauteur des engagements.
C’est pour veiller à l’atteinte de ces objectifs que le Groupe de la Banque mondiale et l’OMS ont été partie prenante au lancement de CSU2030, un mouvement mondial rassemblant des institutions, des États et des organisations de la société civile et œuvrant au renforcement des systèmes de santé à l’appui de la couverture santé universelle.
La volonté politique et l’implication des pays sont plus fortes que jamais, mais il est indispensable d’accélérer le mouvement pour que la couverture sanitaire universelle soit une réalité mondiale en 2030. […].
Avec la Banque Mondiale