Le candidat d’extrême droite Jair Bolsonaro est le favori de la présidentielle au Brésil, dont le 1er tour se tient aujourd’hui.
Le Brésil est tout proche d’être à son tour emporté par la vague populiste. Le dernier sondage réalisé au milieu de cette semaine par l’institut Datafolha — réputé sérieux — donne un net avantage au candidat d’extrême droite pour le premier tour de la présidentielle brésilienne qui a lieu dimanche.
Jair Bolsonaro, 63 ans, un ancien capitaine de l’armée d’infanterie entré en politique il y a 30 ans, obtiendrait 39 % des suffrages contre 25 % à son principal adversaire, Fernando Haddad, l’ancien maire de São Paulo adoubé par l’ex-président Lula da Silva. Ce dernier purge une peine de douze ans de prison pour corruption.
Au second tour, prévu dans deux semaines, les deux candidats seraient au coude-à-coude, avec un léger avantage pour Bolsonaro (44 %) sur Haddad (43 %). « Le seul espoir, c’est que le taux de rejet du premier soit supérieur à celui du second, explique un ancien partisan de Lula à Rio de Janeiro. Mais on ne sait pas vers qui se tourneront les indécis, et il n’y a pas de réflexe républicain à attendre. »
Nostalgique de la dictature
L’ascension de l’ancien militaire nostalgique de la dictature, qui pendant longtemps n’a pas été pris au sérieux par ses pairs à l’Assemblée (il a multiplié les déclarations sexistes, homophobes et racistes), a surpris tout le monde. La tentative d’assassinat dont il a été victime durant la campagne — il a reçu un coup de poignard en pleine rue — n’a fait que renforcer sa dynamique électorale.
Comment le Brésil, huitième puissance mondiale par le PIB et premier pays d’Amérique du Sud, gouverné de 2003 à 2016 par une coalition de gauche dominée par le Parti des travailleurs, en est-il arrivé là ? La crise économique qui a frappé le pays pendant une décennie et dont il se remet à peine a entraîné la peur du déclassement des classes moyennes, principaux soutiens de Bolsonaro.
Soutenu par les milieux patronaux et les évangélistes
Simultanément, la violence a explosé avec l’expansion des narcotrafiquants en Colombie voisine qui ont exporté armes et marché de la drogue. Avec 64 000 homicides par an, le Brésil est dans le peloton de tête des pays les plus dangereux au monde. « La population est exaspérée par cette insécurité massive et se tourne vers des solutions extrêmes », explique un fonctionnaire brésilien.
Soutenu par les milieux patronaux, par les grands propriétaires terriens (à qui il a promis le droit de porter des armes, de recourir plus largement aux insecticides et d’effacer leurs amendes pour la déforestation) et par les églises évangélistes, Bolsonaro promet l’interdiction de l’avortement et une politique économique ultralibérale.
Les milliers des femmes qui sont descendues dans la rue en criant le slogan « Ele Nao » (pas lui) arriveront-elles à lui barrer la route ? Réponse dans quinze jours.
Avec le Parisien