Les égoutiers font partie de ces gens inaperçus qui sont toujours sous nos pieds. Sans moyen de protection, ils travaillent dans l’obscurité et sont exposés à des situations pouvant impacter leur état de santé. De plus, leur salaire, livré irrégulièrement, ne leur permet pas de satisfaire leurs besoins de base. Employés du Ministère des Travaux Publics, Transport et Communication (MTPTC), les égoutiers vivent l’enfer en exerçant ce métier.
Les égoutiers travaillent exposés aux odeurs putrides et à l’humidité permanente. Leur boulot les oblige parfois à contrôler le macadam en gênant le passage à des passants ou automobilistes. Mais la majeure partie de leur temps de travail, ils se retrouvent à l’intérieur des égouts. Certains ont déjà même trouvé la mort au fond de ces trous noirs.
Au fond des égouts, une forte concentration de polluants chimiques et microbiologiques est présente dans les eaux puantes. Pourtant les égoutiers fonctionnent pour la plupart sans aucun moyen de protection. Ces travailleurs qui sont des employés du Ministère des Travaux Publics, Transport et Communication (MTPTC) connaissent une situation difficile dans l’exercice de leurs activités. Certains d’entre eux ne cachent pas leur désarroi.
Jean Jean, un égoutier âgé de 75 ans , explique la condition dans laquelle il travaille : « Nous sommes conscient que nous travaillons dans des conditions très inhumaines à l’intérieur des égouts. Mais nous sommes obligés parce que nous ne pouvons pas trouver d’autres choses pouvant nous aider à reproduire notre existence »
Plus loin, cet égoutier, qui exerce ce métier depuis 1994, raconte que les ouvriers d’assainissement sont souvent victimes quand ils sont dans les égouts. Ceci résulte de l’absence de matériels pour se protéger. « Nous ne voulons pas être des éternelles victimes dans ce monde souterrain », relâche le septuagénaire pour terminer la description de son calvaire.
Conscients qu’ils travaillent au péril de leur vie, les égoutiers se résignent dans un pays qui n’offre pas de grande possibilité. Sonson, un égoutier de 60 ans exprime son bondieu-bon : « On se résigne en pratiquant ce métier, car dans les égouts, nous sommes sous la protection de Dieu ».
Conditions salariales des égoutiers
Les égoutiers font face à des situations socio-économiques très précaires. En fait, le salaire qu’ils reçoivent de la part du Ministère des Travaux Publics est incapable de répondre à leurs besoins. Responsables de famille, les charges sociales leur sont tellement lourdes que la sensation d’une vie équilibrée s’éloigne chaque jour.
De plus, ils ne reçoivent pas leur salaire de manière régulière. « Plusieurs fois, trois à cinq mois peuvent s’écouler, nous ne recevons pas encore nos salaires », se plaint un agent d’assainissement de 54 ans. Plus loin, un autre a rebondi en disant que « Le MTPTC sait que nous existons comme fonctionnaire public lorsque les égouts sont bouchés.»
Effets des conditions de travail sur la santé des égoutiers
Selon les agents de curage, ils souffrent fréquemment de symptômes digestifs, respiratoires, d’irritation du nez, de la typhoïde et de la malaria. Est aussi constatée une augmentation de la fréquence de certaines maladies infectieuses, d’après leurs propos. « Il y a deux d’entre nous qui ont la typhoïde et qui sont incapables de venir travailler » raconte avec regret David, un chef d’équipe des agents de curage dans la zone Avenue Christophe.
Par ailleurs, David mentionne qu’ils avaient l’habitude de recevoir des médicaments et des piqûres afin d’éviter d’attraper certaines maladies. Maintenant, ils ne reçoivent plus cette assistance de la part du Ministère.
Les égoutiers sont en nombre important exposés au choléra, aux diarrhées, aux nausées ou gastrites et tant d’autres dangers en exerçant leur travail. Bien qu’ils effectuent un travail d’une extrême importance dans la société, ils ne sont pas écoutés et restent négligés par les autorités.
JASMIN Frandy
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