Le public haïtien nous habitue de nos jours à la présentation de personnages atypiques. Ils commencent par faire la une à travers les réseaux sociaux pour enfin être présentés, dans certains cas, comme des « talents cachés ».
En fait, ces personnages se voient octroyés le titre d’artiste ou de comédien tant leurs démonstrations se rapprochent des activités de ces deux types de professionnels.
Si certains doivent travailler dur pour bénéficier d’une quelconque popularité, d’autres semblent avoir moins de chemin à parcourir.
Après l’apparition de la vieille « Kr… K… » qui a fait la une à un certain moment dans l’espace haïtien, c’est au tour de Atis Polky, comme on le surnomme.
Ce type, avec une légère calvitie et deux incisives centrales supérieures manquantes, s’est vu bénéficié en quelques jours une popularité étonnante.
En effet, l’homme de 33 ans, dont les vidéos circulent depuis quelques temps déjà sur les réseaux sociaux se spécialise dans l’interprétation de parcelles de musiques non sans modifier leurs paroles.
Des phrases décousues, sans pied ni tête, langage équivoque, langue insaisissable sont autant de traits qui nous permettent d’identifier les divers morceaux de chansons interprétées par l’homme.
Ce qui a fait le plaisir et a provoqué le rire de nombreuses personnes devenues fans qui n’ont pas hésité à les partager. De là, cela suffit-il pour en faire un artiste et/ou un comédien ?
Le point de vue de certains observateurs
Sur ce point, les avis sont partagés. Si pour certains l’ascension de Atis Polky à ce stade est une honte et un affront pour la musique ou la comédie haïtienne comme pour les artistes qui ont dû travailler dur pour s’offrir une reconnaissance; pour d’autres, ce n’est que de l’hypocrisie et de la haine qui hantent ces détracteurs qui ont plutôt du mal à apprécier le talent de l’homme.
En effet, pour Baltazar, un vrai fan de « l’artiste », Polky fait partie de ceux qui n’ont pas eu la chance de fréquenter l’école. S’il a ce don de faire rire à travers la musique, qu’il s’en serve pour s’aider soi-même et aider d’autres personnes à évacuer leur stress dans un pays comme Haïti. Pour lui, ce n’est que jalousie de ne pas vouloir voir l’autre avancer et cela doit suspendre.
De l’autre côté, Andersson Milorme, mélomane endurci, estime que la société haïtienne continue de faire du tort à ses enfants. Il est triste que ce soit ce genre de modèle qu’elle nous offre. Pour lui, il n’y a rien d’artiste ou de musique dans ce qui se fait. Ce n’est que le ridicule qui a primé encore une fois malheureusement.
Pour Junior, étudiant à l’ENARTS, « il y a comédie et comédie. Ce que fait ce jeune homme n’est que le ridicule ». Le propre de la comédie, selon ce qu’elle avance, ne consiste pas seulement à provoquer le rire de l’autre mais à enseigner des leçons utiles.
L’étudiant, très en colère, va jusqu’à demander la fermeture de la faculté si la société continue d’encourager et de promouvoir ce genre de truc.
« Je teum », un opus déjà sur les ondes
Peu importe les points de vue de chacun, Atis Polky semble prendre son envol dans le business suite à son collabo avec Atys Panch dans une musique titrée « Je teum ».
Ses multiples slogans, ses phrases abracadabrantes, son langage évasif et sans contenu ne seront plus simplement partagés à travers les réseaux sociaux mais sur toutes les radios et télévisions puisque l’annonce de la vidéo est déjà lancée.
De même, son slogan « slowedòp » est déjà prêt à faire l’été.
Jean Almando FRANCOIS