Le 26 juillet 2018 ramène le 63e anniversaire du Konpa Direct, musique dansante populaire créée par le saxophoniste haïtien Nemours Jean Baptiste. Ce rythme qui a connu bien des succès durant les années précédentes avec Tabou Combo, Magnum Band Skah Shah #1 et plus près de nous Djakout, Zenglen, Klass, Nu-Look pour ne citer que ceux-là, a bien évolué ces dernières années.
Aujourd’hui, du haut de ses 63 ans, les points de vue des consommateurs, musiciens et autres mélomanes font l’objet d’une baisse de niveau du rythme de Nemours malgré tout.
Si les générations antérieures restent plutôt attachées à leurs formations musicales d’antan, le rap, le rabòday et d’autres musiques venant de l’extérieur sont plutôt consommés par les plus jeunes de nos jours.
En effet, malgré les efforts consentis par certains groupes dits de la nouvelle génération tels que Zenglen, Nu Look, Klass, Disip, Kreyol la, Djakout pour sortir des musiques de qualité, le compas n’est pas toujours le premier choix des plus jeunes.
Ces derniers sont plutôt attirés par le rabòday ou le rap. L’essor que prennent ces tendances musicales empêche l’appréciation des musiques de qualité produites par ces groupes.
Le rabòday veut mettre le Konpa au banc de touche
Pour reprendre Holmanne Jr Detes, un passionné du rythme de Nemours, « le rabòday est en train d’asphyxier le compas direct malgré sa tendance à la baisse car c’est la principale tendance consommée par les jeunes de nos jours dans les discothèques, les journées récréatives, les voitures de transport public etc ».
Il appelle même aux autorités concernées principalement l’État à travers le ministère de la culture de mettre sur pied des programmes afin d’enseigner aux jeunes le rythme « Konpa » Principalement dans les écoles et à travers les medias. Cela s’avère nécessaire à son égard puisque c’est le seul moyen de maintenir le compas en vie durant les années à venir.
Le manque d’intérêt pour le Konpa expliqué?
Sur ce point, Herve Saint Louis, grand consommateur de compas, ne cesse de cantonner le problème du non renouvellement des cadres. En effet, mis à part quelques nouveaux groupes et musiciens qui ont apparu et disparu au même moment, ce sont encore et toujours les mêmes noms qui retentissent depuis des années {Gazzamn, Gracia, Ti Joe, Pipo, Shaba, Arly, Richie pour ne citer que ceux-là}.
Dans ce cas bien précis, le changement est plutôt nécessaire puisque chaque génération a besoin de quelqu’un à qui s’identifier. Dans le cas contraire, elle se tournera vers d’autres tendances et d’autres modèles.
Le problème du Konpa selon Gazman Couleur
Gazman « couleur » Pierre, musicien et chanteur de Konpa très connu, considère la pauvreté des textes comme l’un des problèmes du compas. S’il est vrai que les albums des différents groupes musicaux sortent tous les ans, les sujets traités malheureusement ne se diffèrent pas souvent. Bien au contraire.
Le musicien haïtien est toujours en train d’admirer la femme haïtienne qui ne cesse de faire l’objet de ses différentes compositions. Pour le chanteur, il s’agit d’un sujet trop facile à traiter et qui caractérise la paresse des musiciens haïtiens ajouté à l’avènement de la technologie.
Le chanteur identifie aussi l’instabilité des musiciens, l‘hypocrisie, la dislocation des grands ténors du compas en d’autres groupes musicaux et la recherche du profit à tout prix comme autant de barrières que doit franchir le compas direct pour retrouver son niveau d’antan.
S’il est vrai que des efforts se fassent pour maintenir un niveau acceptable, le rythme créé par Nemours Jean Baptiste a encore bien du chemin à parcourir afin d’occuper sans conteste le haut du pavé national et prétendre à une reconnaissance mondiale.
Jean Almando FRANÇOIS