Le président américain Donald Trump et le président russe Vladimir Poutine vont donc se rencontrer à la mi-juillet à Helsinki en Finlande. Un sommet pour tenter de rapprocher leurs deux pays. Au micro d’Europe1, la chronique du rédacteur-en-chef international du JDD, François Clemenceau.
Ce n’est pas par hasard si Donald Trump et Vladimir Poutine se retrouvent à Helsinki. C’est là que dans les années 70 le dégel fut amorcé entre les deux blocs de la guerre froide. Et le fait qu’ils ne se voient ni à Washington ni à Moscou traduit bien tout le chemin qui reste à parcourir.
Il faut dire que Donald Trump n’a cessé depuis dix ans de dire tout et son contraire sur Vladimir Poutine. Avant d’être candidat, il a dit son admiration pour l’homme mais condamné la politique d’Obama à l’égard de la Russie jugée trop molle.
Pendant la campagne présidentielle au contraire, il a multiplié les déclarations de respect à l’égard de Poutine en souhaitant améliorer la relation entre les Etats-Unis et la Russie.
On ne savait pas alors qu’au cours de cette même période des liens entre l’équipe Trump et le Kremlin ont été noués, ce qui a déclenché l’enquête pour interférence des Russes dans la campagne au profit de Trump et au détriment d’Hillary Clinton.
Après sa victoire, Donald Trump a pris ses distances vis-à-vis de Poutine, pour ne pas donner des gages aux enquêteurs sur sa proximité avec la Russie mais aussi parce que la situation internationale l’exigeait.
Que ce soit en Ukraine, en Syrie ou après l’affaire d’empoisonnement de Salisbury, Donald Trump s’est montré ferme, parfois même dans la surenchère, au risque que la relation bilatérale se dégrade encore plus.
D’où la question de savoir si ce duel va continuer ou si les deux hommes cherchent à former un duo.
Un objectif commun : briser l’Europe
Du côté de Poutine, il ne fait pas de doute que la rencontre avec Trump est destinée à illustrer le grand retour de la diplomatie russe afin de prouver que la Russie est définitivement incontournable.
Poutine se réjouit de voir Donald Trump chercher à affaiblir l’Union européenne et l’OTAN et se désengager en même temps du Proche et du Moyen orient.
Côté américain en revanche, l’exercice est plus difficile. Avant de se rendre à Helsinki, Donald Trump fera escale à Bruxelles pour le sommet de l’OTAN et à Londres pour sa première visite d’Etat au Royaume Uni et ses alliés l’attendent au tournant sur ses engagements transatlantiques.
On a souvent évoqué le risque de voir l’Europe soit coincée entre la Russie et les Etats-Unis. Ce risque existe. Même si les objectifs de Trump et Poutine sont différents et parfois antagonistes, l’un comme l’autre affichent pour l’instant, et chacun à leur manière, une volonté de briser l’unité européenne.
Une cohésion jugée, à tort ou à raison, par Poutine comme une menace, et par Trump comme une concurrence. Autrement dit – et c’est ce qui se cache aussi derrière le Conseil européen qui se poursuit vendredi -,
L’Europe aurait tort de se diviser pour des questions de politique intérieure et tout à gagner à accentuer son autonomie en s’entendant avec les Etats-Unis et la Russie en fonction de ses seuls intérêts.