Haïti devient, notamment après le séisme, le laboratoire de la corruption internationale. Un tremplin pour le gaspillage au nom de l’humanitaire.
« L’Assistance mortelle » de Raoul Peck a été une description nette de cette situation. Le cas de Tammy Fisher apporte un éclairage supplémentaire, d’un autre ordre.
Plus de 100 000 euros par an, pour rien faire…
En 2012 Tammy Fisher est arrivée en Haïti, recrutée par un sous-traitant. Ce dernier exerçait sous mandat de l’ONU. Tammy était censée payer pour former des policiers Haïtiens.
Pendant son temps de service, elle a confirmé ceci ː « Je n’ai quasiment jamais vu la Police haïtienne. A part une fois, des policiers dans une voiture et là, j’ai pris une photo ».
Tammy Fisher a révélé à un media américain, de retour à Saint Louis aux Etats-Unis, qu’elle n’a jamais travaillé durant son contrat en Haïti. Pourtant, elle était payée « plus de 100,000 Euros par an ».
Elle surfait religieusement sur internet ou jouait au domino
Tammy n’a pas eu à exécuter les tâches de sa mission. Elle pensait toujours qu’elle devrait « encadrer et surveiller ». Mais ce n’était jamais le cas. Elle a informé son supérieur qui lui précise que « c’était ainsi que se passait la mission »
Ainsi, elle a assuré ses « journées sur son ordinateur, à jouer sur internet. |Ou, elle jouait| au domino avec les casques bleus jordaniens et c’est tout », a-t-elle précisé. Le portrait d’un petit gaspillage routinier.
A combien se chiffre ce gaspillage ?
Personne ne le sait ou le saura difficilement. Cependant, pour le coup des policiers, il est opportun de retenir, après le séisme de 2010, que 680 policiers supplémentaires ont été envoyés par l’ONU en renforts en Haïti.
Les 15 membres du Conseil de l’ONU ont autorisé le déploiement de ces policiers avec « un accent particulier mis sur la volonté de renforcer les moyens de la police nationale haïtienne », lit-on dans la résolution à cet effet.
Le contingent réunissait ainsi, jusqu’à 4 391 policiers.
Christina Sansaricq
lisez aussiː La gestion stérile de l’aide internationale à Haïti, pour assurer la pauvreté
photo credit ː nyc.fr