|Au moment| des célébrations pascales, tant chez les Juifs que chez les Chrétiens, il n’est pas inutile de dire un mot de la divergence d’interprétation de cette fête chez les uns et chez les autres.
Le récit vétérotestamentaire de l’Exode est univoque mais les adeptes de l’Eglise primitive, tout juifs qu’ils étaient, l’ont interprété dans un autre sens, celui de la Résurrection tout en s’appuyant sur des versets prophétiques |…|.
L’Exode, d’une part, tel que le relate la Bible hébraïque, et la Résurrection de Jésus, telle qu’elle se lit dans les Evangiles, d’autre part, sont des événements majeurs de l’Histoire sainte.
En termes de sociologie religieuse, on pourrait, avec tout le respect nécessaire à l’adresse des fidèles des deux religions, parler de « mythes fondateurs » qui gisent à la base même de la foi.
Comme le recommandait Ernest Renan dans son Histoire des origines du christianisme, il ne sert à rien de bannir la légende puisqu’elle est la forme que revêt nécessairement la foi de l’humanité.
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La Pâque juive, le séder et l’agneau pascal
La Pâque juive (en hébreu : Pessah) commémore le jour où les Hébreux se sont affranchis de l’esclavage égyptien. Il s’agit d’un événement crucial, dont découlèrent la traversée du désert, la réception de la Loi divine (en hébreu : Torah) et l’entrée en Terre d’Israël.
La fête dure sept jours en Terre d’Israël, et huit jours en Diaspora. Durant cette période, les Juifs s’abstiennent de pain et, plus généralement, de tout produit issu de céréales ayant pu subir la fermentation.
Au lieu de cela on mange du pain azyme (en hébreu : Matsa – pluriel, Matsot), rappel des galettes que les Hébreux firent cuire à la hâte lors de la Sortie d’Egypte.
Avant la destruction du Temple de Jérusalem, en l’an 70 de l’ère chrétienne, la Pâque était célébrée par un pèlerinage à Jérusalem. Les Juifs y sacrifiaient un agneau, en souvenir de celui sacrifié jadis par leurs ancêtres, à la veille de la Sortie d’Egypte.
|…| le repas de la veille de la Pâque était organisé autour de l’« agneau pascal ». Mais, depuis la destruction du Temple par les troupes romaines, il n’y a plus de pèlerinage ni de sacrifice, et la fête est devenue essentiellement familiale.
Les deux premiers soirs (en Israël, le premier soir seulement), on se retrouve en famille pour lire ensemble et commenter la Hagada, le texte fondé sur la Bible et le Talmud explicitant le sens de la fête. Cette soirée pascale, nommée en hébreu Séder (littéralement : « ordre »), est le moment essentiel de la Pâque.
Veillée d’étude et de prière, le Séder est aussi une soirée conviviale où l’on mange des plats traditionnels, où l’on boit quatre verres de vin correspondant à des passages précis du récit, et où l’on chante des chants issus de la Hagada avec la participation active des enfants. La lecture de la Hagada s’achève sur la célèbre formule : « L’an prochain à Jérusalem ».
La fête chrétienne de Pâques, la cène et Jésus l’agneau
La fête chrétienne de Pâques – que les Eglises occidentales et les Églises orthodoxes célèbrent à des dates différentes, en raison du décalage entre le calendrier grégorien et le calendrier julien – commémore la résurrection du Christ et est la principale fête des Chrétiens.
En premier lieu vient le dimanche des Rameaux : on célèbre l’entrée de Jésus à Jérusalem, et les fidèles font bénir des rameaux évoquant les palmes avec lesquelles, selon le récit des Evangiles, Jésus fut accueilli triomphalement par le peuple. C’est le début de la Semaine sainte, qui s’achève sur la Passion et la Résurrection du Christ.
La Cène, le dernier repas pris par Jésus en compagnie de ses douze disciples, se situe le soir du Jeudi saint. Au cours de ce repas, qui n’est autre que le Séder de la Pâque juive selon le rituel en usage avant la destruction du Temple, Jésus institua l’Eucharistie en partageant avec ses disciples les Matsot et le vin |…|.
|Ceci| en disant : « Ceci est mon corps, ceci est mon sang ». De ce moment crucial, où d’un rituel juif naît un sacrement fondamental de l’Eglise, le christianisme conserve la marque par le mot hébraïque Pessah devenu – à travers le grec et le latin – le mot français « Pâques ».
Le lendemain, Vendredi saint, est un jour de recueillement où les Chrétiens commémorent la crucifixion et de la mort de Jésus. Puis vient le Samedi saint, jour de silence et d’attente. Après la veillée pascale du samedi soir, le dimanche est proprement le jour de Pâques, consacré à la résurrection de Jésus.
A cet instant s’achève la filiation directe entre Pâque et Pâques. Le christianisme continue d’emprunter des symboles au judaïsme, mais il leur donne un sens tout différent.
L’agneau pascal du christianisme n’est plus l’agneau sacrificiel de la Sortie d’Egypte, il est Jésus sacrifié pour racheter les péchés des hommes. Les promesses faites par Dieu à son peuple, lors du Don de la Loi sur le mont Sinaï, sont censées avoir été accomplies par la venue du Christ.
Sources combinées