Les mots ont toujours une histoire. Pour expliquer leur provenance et leur intégration dans la langue, on a toujours une origine pas souvent expliquée. Le vocable Fistiwann n’échappe pas a la règle. Pendant que l’utilisation définitive de ce mot s’installe dans la langue, il est bien de faire un petit tour dans sa genèse.
D’où vient le vocable « Fistiwonn ou Fistiwann” dans le langage haitien?
De remarquables découvertes montrent que ce mot est plutôt « historique« . Le président Élie Lescot, élu le 15 avril 1941 pour une période de cinq années, prêtait serment le 15 mai 1941.
Lors de la 2ème guerre mondiale (1941 – 1945) , il déclara la guerre à l’Allemagne et à l’Italie. Il reposait son administration sur l’aide des USA. De ceux-ci, il bénéficiait de la protection.
À l’approche de la fin de son mandat, il déclarait qu’il ne laissera le pouvoir qu’en 51 (Fifty One en Anglais), c’est-à-dire en 1951.
Ses amis, les américains l’ont affirmé qu’il ne laissera le pouvoir que quand il le veut, tant qu’il leur était dévoué. Ils le maintiendra au pouvoir jusqu’à fifty-one.
Le fameux “fifty-one” indignait la population qui espérait déjà le départ de Lescot. Ce dernier, dans ses déclarations, commençait à employer le “fifty-one”. Il était confiant de ne laisser le pouvoir qu’en « fifty-one« .
Le président Elie Lescot était-il parvenu a son fistiwann?
Une grève d’étudiants le 7 janvier 1946, qui allait être généralisée, se transforma en une véritable révolution. Abandonné par ses amis des USA, Elie Lescot se trouva dans l’impossibilité d’apaiser la colère de la population.
Ainsi il laisse le pouvoir le 11 janvier 1946. À cette grande victoire, le peuple se met à crier: « nan fifty-one Lescot« , « nan fifty-one li”.
Dans le fistiwann d’Elie Lescot
Pour un peuple qui ne parlait pas anglais « fifty one » s’est transformee en « Fistiwann« , « Fistiwonn » ou encore Fiftiwann »
Et, au fil du temps, le fistiwann établi son autorité et change de sens. Il s’emploie lorsqu’on veut dire à quelqu’un qu’on « se moque de ce qu’il dit » ou lorsqu’on « lui en met plein la gueule« . Ou encore lorsqu’on « ne souhaite pas que quelqu’un arrive au bout de ses intentions« .
Aussi, ce mot est utilisé pour exprimer que quelqu’un soit trop collant. On utilise ce vocable dans la langue créole ( surtout le créole d’Ayiti) Fistiwonn. Ses synonymes : « dada », « dèyè », « bouda », « mounda », signifie donc tout simplement « fesse ».
Christina Sansaricq