Le président haïtien s’est exprimé pour la première fois à la tribune de l’Assemblée Générale de l’ONU ce jeudi 21 septembre. Dans un discours d’un peu moins de 30 minutes, le président a répondu à ce grand oral en se prononçant sur les nombreux enjeux les plus pressants pour la République d’Haïti.
Lors de son allocution devant cette 72ème Assemblée Générale, le président haïtien a décliné de nombreux sujets concernant le pays d’Haïti et les enjeux auxquels il se confronte aussi bien au sein de son environnement international que national.
Appel à une responsabilité « partagée » face aux changements climatiques
Parmi l’un des sujets saillants évoqués, le président s’est longuement exprimé sur les enjeux environnementaux qui concernent fortement la Caraïbe ainsi que la volonté d’Haïti de respecter scrupuleusement ses engagements conformément à l’accord de Paris sur le climat.
«La République d’Haïti est très attachée à la dimension environnementale du développement durable (…) et déterminée à renforcer sa résilience». Faisant allusion aux derniers dégâts de grande ampleur causés par la multiplication de catastrophes naturelles, il a également exprimé sa solidarité envers les «pays frères de la Caraïbes» les plus particulièrement touchés par ces désastres ainsi que le Mexique récemment frappé par un séisme. Tous ces événements ne sont « pas dû à la fatalité mais aux actions des être humains » a-t-il insisté.
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Plaçant la vulnérabilité d’Haïti au centre de ses préoccupations, il a notamment mis en exergue les «efforts gigantesques » du peuple haïtien pour se relever des catastrophes naturelles et plus particulièrement l’ouragan Matthew, lançant ainsi un appel pour l’augmentation de la couverture d’assurance contre les ouragans et autres catastrophes naturelles, « proportionnellement à la menace ».
Appelant la communauté internationale à une «responsabilité partagée», il a formellement demandé à ce que soit concrétisée «la promesse de dôter les pays les plus vulnérables de moyens d’assurer la transition énergétique vers les énergies renouvelables et de développer leur résilience aux effets néfastes du changement climatique». En ce sens, il cible plus particulièrement les pays émetteurs de gaz à effet de serre afin qu’ils contribuent efficacement à la mise en œuvre des accords internationaux sur le climat.
Pas de cadeaux pour l’ONU…
« Le moment est venu pour l’ONU de donner tout son sens à ses nobles idéaux […] en prenant toutes ses responsabilités dans une situation qui a causé de graves préjudices pour le peuple haïtien ».
Comme attendu, le président ne s’est pas gardé de se prononcer sur les effets néfastes de la présence de l’ONU en Haïti. «Tout en remerciant vivement l’ONU pour son engagement en Haïti, je m’en voudrais de ne pas rappeler deux situations fort regrettables qui ont résulté de sa présence dans le pays» rappelant d’une part, «les actes odieux d’exploitations et de violences sexuelles commis par certains soldats de la paix ou d’autres membres du personnel» et d’autre part «l’introduction de l’épidémie du choléra», conséquences fâcheuses de la démonstration de la solidarité internationale dit-il.
Il a ainsi appelé l’ONU à répondre à son obligation morale d’adopter des mesures pour fournir les ressources nécessaires à l’éradication du choléra et à l’amélioration du système de santé en Haïti, saluant par ailleurs les engagements déjà pris dans ce sens par l’ONU telle que la réaffectation du budget de la MINUSTAH pour la lutte contre l’épidémie qui sera une priorité de son administration.
Plaidoyer pour son administration
« Le nouveau leadership ne ménagera aucun effort pour relever l’État de sa douloureuse et pénible léthargie »
Le Chef de l’État haïtien a présenté devant l’Assemblée les fruits et les défis de son administration et mis en avant l’ensemble de ses initiatives en cours et à venir. En premier lieu et avec un ton ferme, il a fortement insisté sur sa détermination à combattre la corruption sous toutes ses formes. « Mon administration n’a ménagé aucun effort pour renforcer la démocratie et l’ État de droit » a-t-il insisté contre ce phénomène « dévastateur » qu’il qualifie de « crime contre le développement« . Affirmant ainsi « qu’il est temps que l’aide publique au développement et nos ressources internes servent l’intérêt de la nation haïtienne toute entière« , le président ne se garde pas de marteler l’un de ses principaux arguments à savoir la lutte contre la corruption, pour convaincre sur le bien fondé du budget 2017-2018 qui fait les remous de l’actualité haïtienne.
Il a également rappelé les 5 objectifs de développement durable priorisés par son administration évoquant entre autres son initiative de la caravane du changement pour la redynamisation du secteur agricole, sa politique de transition énergétique, de lutte contre le chômage notamment des jeunes, de renforcement de l’appareil judiciaire, et de la sécurité nationale par la consolidation de la Police Nationale d’Haïti et la remobilisation des Forces Armées d’Haïti.
Sur l’ensemble de ces sujets, Jovenel Moise qui n’est pas vraiment au « top » de sa côte de popularité, n’a pas manqué de faire allusion aux défis que cela représente pour son administration parlant notamment de mesures « politiquement périlleuses», pour remettre l’économie du pays sur le chemin de la croissance et créer des emplois décents en Haïti.
Rappelant enfin le nombre de chantiers inachevés, le président a clôturé son discours en déclarant que « les acteurs économiques, politiques et sociaux haïtiens sont conscients de l’impérieuse obligation qui leur est faite pour préconiser la paix sociale en vue de réaliser le destin qui est réservé à notre noble et grande nation: la République d’Haïti, le berceau de la liberté, de l’égalité et de la fraternité« .
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