Le malaise s’installe. Les haïtiens quittent le pays tous les jours et par millier. A Port-au-Prince, entre autres points du pays, on respire difficilement. A coté de l’extension incohérente des villes et des quartiers, les immondices s’installent résolument dans le décor. Pour un cri citoyen, Saïka Céus écrit à Madame Magalie Habitant, la Directrice Générale du Service Métropolitain de Collecte des Résidus Solides (SMCRS).
Madame Le Directeur Général
Nous vous adressons la présente, poussée par la sensation de malaise qui accompagne chaque haïtien dans les rues de la capitale et des zones avoisinantes. Ce malaise est provoqué par les lots d’immondices et des montagnes de fatras qui pioncent dans les rues de la Capitale et de la zone métropolitaine.
Lalue, Grand rue, la Première Avenue Bolosse, Martissant, Sans-Fil, Fleuriot sont de parfaits exemples qui constituent certainement une liste non exhaustive. Ces piles d’immondices, qui nous obligent à nous boucher les narines, sont définitivement une menace pour notre santé et la santé du pays à tous les niveaux. Port-au-Prince : Après la pluie, ce n’est pas le beau temps
Madame Le Directeur Général,
N’avez-vous jamais regardé le tableau saisissant d’un haïtien mangeant près d’une pile de détritus nauséabonds? La logique voudrait qu’on se demande comment un être humain peut se permettre cela. Il faut comprendre qu’il a grandi avec les faiblesses d’un système qui lui ont appris que le bien-être social et la dignité humaine sont des luxes que notre pays ne peut lui offrir.
Il croit donc, à tort, que puisque les immondices font partie du décor de la ville depuis si longtemps, il est normal de manger en toute communion avec elles. Parfois, nous utilisons, dans notre parallélisme avec la normalité, les montagnes de fatras comme points de repères pour compléter une adresse. Oui, il est affligeant de devoir l’admettre : entre la capitale d’Haïti qu’on veut mettre en avant pour attirer les touristes et celle que nous côtoyons chaque jour ; il subsiste un monde d’omissions.
Nous devons à cette insalubrité des inondations car les artères devant canaliser les eaux de pluies sont bouchées, elle entrave aussi la circulation car parfois les immondices occupent une grande partie de la rue ; Martissant, la Première Avenue Bolosse etc. peuvent en témoigner. L’insalubrité entraine de sévères répercussions sur notre qualité de vie, notre économie et rend fictif tout plan de développement durable en Haïti. Bienvenue Monsieur le Président… sur le chantier !
Madame Le Directeur Général,
L’URGENCE appelle le SMCRS. Les discours ne peuvent redresser la situation. Les prises de photos avec balais à la main ne suffisent pas. La parole et le « théâtre » doivent laisser la place aux actions viables, constantes, durables et continues. Nous avons besoin de voir les camions du SMCRS partout à travers nos rues, de concert avec les mairies, pour l’application d’une stratégie réformatrice de collecte de déchets dans tous les quartiers et camper un plan de gestion de ces déchets…
Vous nous pardonnerez si nos mots en s’échappant de nos maux paraissent vouloir vous apprendre ce que vous savez déjà et qui, sans doute, a ravi la priorité à l’ensemble de vos préoccupations depuis que vous occupez ce poste. Mais Madame, nous vous transmettons, en écho à la présente l’espoir de dix millions d’haïtiens qui espèrent voir la capitale du pays et les zones avoisinantes débarrassées de ses immondices.
Dans l’attente d’une réponse comparable à celle de Sylvain Salnave qui s’allie aux actions nécessaires, nous vous prions de recevoir, Madame le Directeur Général, l’expression de nos sentiments patriotiques.
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Saïka Céus
Port-au-Prince, le 9 aout 2017