Secouée par un terrible tremblement de terre il y a sept ans, l’île avait-elle besoin d’un trois-quarts de queue ? Cela ne fait aucun doute pour la concertiste franco-haïtienne, qui a même ajouté un festival de musique classique à son Haïti Piano Project. Une belle histoire d’engagement et de fidélité à ses racines pour cette pianiste reconnue partout en Europe.
« Ce pays, je l’avais au fond de moi sans le connaître », nous confie-t-elle, se disant « imprégnée » par la culture haïtienne, « la cuisine, les tableaux de naïfs haïtiens accrochés à la maison... ». Mais pour Célimène Daudet, pas question de revoir cet Haïti « seulement pour s’y balader ». La belle métisse n’imaginait pas autre chose que d’y faire ce qu’elle sait faire de mieux et en quoi elle excelle : jouer du piano.
Avec une dizaine de bonnes âmes et quelques sponsors (dont l’Institut français d’Haïti), la voilà embarquée dans une opération lourde en logistique et en symbolique, et au parfum rocambolesque. Ici, il s’agira de faire venir un Yamaha C7X jusqu’à la ville de Jacmel, à 100 km de Port-au-Prince, et d’offrir ainsi à Haïti un […] piano de concert […] et festival de musique classique.
Le piano sera accueilli au son de cuivres et de tambours
Actuellement en stand-by à Panama, l’instrument voyagera en septembre […] sur l’île à bord d’un simple pick-up, coincé entre des matelas. Puis sera accueilli à Jacmel début novembre, en fanfare, escortée par la foule au son des cuivres et tambours de ces orchestres haïtiens endémiques appelés « bande à pieds », avant un premier récital en bord de mer.
Concerts gratuits, répétitions ouvertes sur la rue, rencontres avec le public, créations associant solistes européens (Guillaume Latour, Louis Rodde…), compositeurs haïtiens (comme Ludovic Lamothe, et ses danses d’inspiration vaudou) et artistes locaux issus de la musique traditionnelle « racine »…
Célimène Daudet a imaginé un dispositif qui permet d’impliquer au maximum la population. Une population curieuse et avide, observe-t-elle, chez qui « il y a une vraie attente » et « beaucoup moins d’a priori qu’ailleurs » : « Ils ne font pas de distinction comme nous entre une musique classique savante et élitiste, qui ne serait comprise que d’une minorité, et la musique populaire. Ils aiment la musique. Point. »
Avec telerama